news-09102024-172906

Le 1er octobre, le vol Air France Paris-Dubai a survolé l’Irak en même temps que les missiles iraniens destinés à Israël, alors que la plupart des compagnies aériennes avaient dérouté leurs avions. Si les missiles tirés depuis l’Iran volaient à une altitude beaucoup plus élevée que celle des avions de ligne, la présence du Boeing 777 d’Air France dans la zone de conflit a ému les syndicats de pilotes.

La direction d’Air France se défend en assurant qu’elle a ordonné à ses appareils de se dérouter « sans attendre des instructions des autorités irakiennes ». Elle indique que le vol AF662 « survolait le sud de l’Irak quand l’attaque iranienne a débuté », et « a quitté l’espace aérien du pays peu avant 17 heures » (temps universel), soit une dizaine de minutes après le tir des missiles iraniens et près d’une heure avant la fermeture officielle de l’espace aérien irakien.

Selon les données consultées par Le Point sur la plate-forme FlighRadar pour la journée du 1er octobre, le vol AF662 Paris-Dubai a effectivement été l’un des derniers à emprunter le corridor irakien avant sa fermeture. Ainsi, le vol British Airways BA107 Londres-Dubai, qui suivait sensiblement le même plan de vol à peine dix minutes derrière l’AF662, a été dérouté. En tout, selon FlightRadar, 81 appareils de 16 compagnies ont été déroutés vers 26 aéroports.

Si la distanciation, y compris par l’altitude, semble avoir été suffisante entre les missiles iraniens et les avions de ligne le 1er octobre, le survol d’une zone de conflit lors d’un regain de tension est propice aux erreurs d’appréciation, et c’est probablement le principal risque qu’a pris l’AF662 ce jour-là.

La liste des catastrophes aériennes liées à des confusions chez les militaires de tous les pays est longue : en 2020, les Gardiens de la révolution iraniens avaient abattu le vol Ukraine International 752, pensant viser un missile de croisière américain. En 2014, les paramilitaires pro-russes du Donbass avaient détruit le vol MH17 de la Malaysia Airlines (298 morts) en pensant viser un appareil de l’armée ukrainienne ou de ses alliés. En 1988, le croiseur USS Vincennes, pensant être attaqué par un chasseur F-14 iranien, avait abattu le vol Iran Air 955 (290 morts) qui volait dans la même zone.

L’Irak est un important couloir aérien dans le contexte géopolitique actuel, qui restreint voire interdit le survol de pays voisins dont la Syrie, l’Iran, le Liban et Israël. Ce bloc forme une barrière de 2 500 km d’est en ouest, à travers laquelle il n’est parfois possible de passer que par l’Irak.