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De notre correspondante à Washington – Chaque semaine désormais, France 24 revient sur les événements marquants de la campagne présidentielle 2024 aux États-Unis. Ce dixième numéro s’interroge sur la panique qui semble, à tort ou à raison, s’emparer de la gauche après une poignée de sondages décevants pour Kamala Harris face à Donald Trump.

À entendre certains commentateurs américains, le ciel serait tombé sur la tête des démocrates cette semaine. En cause ? Une série de sondages décevants pour leur candidate Kamala Harris face à Donald Trump. Il y a cette étude d’opinion très commentée de NBC News, parue dimanche 13 octobre et réalisée entre le 4 et le 8 octobre, qui place les deux prétendants à la Maison Blanche à 48 % d’intentions de vote chacun. Le mois dernier, le même sondage donnait cinq points d’avance à la vice-présidente.

Le 9 octobre, un précédent sondage de l’institut Quinnipiac avait fait du bruit en plaçant Donald Trump en tête de trois points dans le Michigan (Kamala Harris menait en septembre chez ce sondeur) et de deux points dans le Wisconsin (les deux candidats étaient auparavant au coude-à-coude). Des chiffres inhabituels qui ont joué sur la moyenne des agrégateurs de sondages les plus consultés.

Dans la moyenne pondérée concoctée par le sondier Nate Silver dans sa newsletter, Donald Trump obtient ainsi de maigres gains (moins d’un point de pourcentage) au niveau national et dans la plupart des États-clés par rapport à la semaine dernière. Pour autant, Kamala Harris reste devant au niveau national, en courte tête en Pennsylvanie, dans le Michigan et dans le Wisconsin, tandis que Donald Trump domine légèrement en Géorgie, en Caroline du Nord et (un peu plus) en Arizona.

Par ailleurs, cette semaine, une multitude de sondages d’instituts proches des républicains et plutôt favorables à Trump sont venus faire peur aux démocrates.

Panique à gauche ? Kamala Harris a-t-elle atteint un plafond indépassable ? À en croire certains titres de presse, la gauche serait en train de paniquer. Malgré les multiples interviews données cette semaine par la remplaçante de Joe Biden (elle était critiquée pour sa méfiance envers les médias) et les millions de dollars dépensés par son camp, les chiffres semblent ne plus bouger en sa faveur voire s’améliorer légèrement pour son rival. Pis, ce dernier se permet des déplacements dans des États ingagnables – il était en meeting à Coachella en Californie ce weekend – comme s’il voulait projeter force et confiance pour intimider sa concurrente.

Pour le média de gauche The Nation, « la campagne Harris doit corriger le tir ». Kamala Harris répèterait les erreurs de Hillary Clinton en 2016 en allant chercher le soutien de républicains modérés plutôt qu’en se concentrant sur l’électorat populaire. Pour certains analystes, le danger viendrait plus précisément du vote des minorités masculines, notamment les hommes noirs et latinos, dont une partie délaisserait le camp démocrate au profit de Donald Trump.

Kamala Harris a tenté ces derniers jours de s’adresser à cet électorat pour le convaincre que voter Donald Trump n’est pas dans son intérêt. Aides à la formation, prêts pour lancer sa petite entreprise… son équipe a dévoilé lundi des propositions censées bénéficier aux hommes afro-américains.

Faut-il conclure de ces quelques études d’opinion que Kamala Harris a perdu son élan ? Trois semaines avant le scrutin, la campagne a atteint ce stade où les analystes s’écharpent sur le moindre chiffre. À ceux qui prédisent une sombre soirée à Kamala Harris le 5 novembre si sa campagne ne réagit pas, d’autres répondent qu’il faut raison garder.

Sur le vote des Afro-Américains, ils pointent ainsi du doigt un autre sondage de CBS News, réalisé entre le 8 et le 11 octobre, montrant que Kamala Harris obtient 87 % d’intentions de vote chez les électeurs et électrices noirs, soit le même score que Joe Biden en 2020. Ils soulignent aussi que la démocrate reste en avance dans les études au niveau national.

D’autres notent que les chiffres du vote anticipé en Pennsylvanie sont plutôt bon signe pour Kamala Harris. Et que la mobilisation des équipes de campagne et des bénévoles démocrates sur le terrain pour inciter les électeurs à aller voter devrait payer. Autre argument des optimistes : certes, les sondages avaient sous-évalué les performances de Trump en 2016 et 2020, mais l’inverse pourrait bien se produire cette fois.

Chez les commentateurs pessimistes ou optimistes sur les chances des démocrates, la même question du biais se pose : se concentrer un peu trop sur ce qui leur fait peur, ou sur ce qu’ils aimerait voir se produire… Et s’il était tout simplement temps d’admettre qu’on ne sait pas ? Tout se joue dans les États-clés, où la course y est serrée avec des chiffres bien souvent dans la marge d’erreur. David Plouffe, haut conseiller de la campagne Harris, a assuré passer très peu de temps à étudier les sondages publics, accusant ces derniers d’être biaisés.

Il est important de rester prudent et de ne pas tirer des conclusions hâtives des sondages actuels. La campagne électorale est dynamique et les tendances peuvent changer rapidement. Il est essentiel de se concentrer sur les actions concrètes des candidats et sur les enjeux clés de l’élection. Restons attentifs aux développements futurs et gardons à l’esprit que chaque vote compte.