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Roger Le Neurès est l’un des derniers survivants des Français libres encore en vie. En tant que brigadier dans la 2e division blindée du général Leclerc, il a débarqué à Omaha Beach le 2 août 1944 pour prendre part à la campagne de libération de la France. Sa contribution à la libération de Paris le 25 août a été marquée par de nombreux combats dans une capitale plongée dans le chaos.

À l’âge de 101 ans, Roger Le Neurès vit toujours chez lui à Épinal avec son épouse Carmen, âgée de 100 ans. Malgré leur grand âge, ils résident au 2e étage d’un immeuble sans ascenseur. Dans son « musée » personnel, Roger expose des photos de sa jeunesse combattante, ses médailles, ainsi que son casque et sa ceinture de tireur d’automitrailleuse. Sa mémoire remarquable lui permet de se souvenir avec précision des noms, des dates et des lieux, et il raconte son parcours avec vivacité.

En 1940, alors âgé de 17 ans, Roger travaillait comme tôlier au garage Renault d’Épinal. Lorsque l’établissement a été réquisitionné par les Allemands, il a décidé de résister en travaillant lentement et en prétendant commander des pièces qui n’étaient jamais livrées. Son véritable engagement dans la résistance a commencé lorsqu’il a récupéré des armes abandonnées par les troupes françaises autour d’Épinal et les a cachées dans le garage occupé. Inspiré par l’esprit de résistance de ses parents, qui étaient fonctionnaires, il a également participé au sauvetage d’une famille juive dont les hommes avaient été arrêtés lors des rafles de 1942.

Provocateur dans l’âme, Roger a été arrêté par la police française pour avoir chanté « La Marseillaise » dans une brasserie d’Épinal. Sentant le danger croître en France après la rencontre entre Pétain et Hitler à Montoire en 1940, il a décidé de rejoindre les Forces Françaises Libres en Afrique du Nord. Avec l’aide de son père, fonctionnaire au ministère de la Guerre, il s’est enrôlé dans l’Armée d’armistice de Vichy pour rejoindre l’Armée d’Afrique en Tunisie. Il a ensuite déserté pour rejoindre la colonne Leclerc en Libye, où il a été intégré à la 2e division blindée.

Le débarquement de la 2e division blindée a eu lieu les 1er, 2 et 3 août 1944, mêlant des troupes combattantes venues du monde entier. Roger Le Neurès a débarqué à Omaha Beach le 2 août, à la pointe du Hoc, sans rencontrer de résistance ennemie. La traversée de la Normandie a été marquée par des villages en ruine, des mines et des corps de soldats abandonnés. Malgré l’absence de combat lors de leur débarquement, l’odeur de mort planait dans l’air, rappelant la brutalité de la guerre.

La libération de Paris le 25 août 1944 a été un moment crucial pour Roger et la 2e division blindée. Ils ont dû affronter des points de résistance dans la capitale et sa banlieue, participant à des combats acharnés à des endroits emblématiques comme la gare du Nord, l’École militaire et l’hôtel Meurice. L’entrée au mont Valérien, principal lieu d’exécution des résistants par les nazis, a été un moment chargé d’émotion pour Roger, qui se souvient encore de la discipline des soldats allemands capturés.

Malgré la liesse qui a suivi la libération de Paris, Roger Le Neurès s’est méfié de l’ambiance instable qui régnait dans la capitale. Témoin de règlements de comptes et d’exécutions sommaires, il a été marqué par la violence et l’injustice qui ont accompagné la libération. Blessé à deux reprises dans l’est de la France, il a passé l’hiver 1944 à l’hôpital avant de reprendre la campagne jusqu’à Berchtesgaden, lieu de résidence d’Hitler.

Malgré les pertes subies par son régiment, Roger Le Neurès a survécu et continue de témoigner de son expérience dans les écoles pour transmettre un message de paix et de tolérance. Sa détermination à entretenir le souvenir de ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté est exemplaire, et son engagement envers les valeurs de l’honneur et de la désobéissance éclaire le chemin vers un avenir plus juste et pacifique.