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La onzième fois a été la bonne. Le tribunal d’application des peines a accepté vendredi 15 novembre la dernière demande de libération conditionnelle du militant libanais propalestinien Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 40 ans pour complicité de meurtre et libérable depuis 1999, a indiqué à l’AFP le parquet national antiterroriste (Pnat), qui a annoncé faire appel.

« Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître », a précisé le Pnat dans un communiqué.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1986 pour complicité de l’assassinat de deux diplomates, un américain et un israélien, Georges Abdallah, emprisonné au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), est selon ses soutiens « le plus vieux prisonnier au monde lié au conflit du Moyen-Orient ».

Georges Ibrahim Abdallah, terroriste sans pardon

Libérable depuis 25 ans, toutes ses demandes de libération conditionnelle avaient été retoquées, sauf une en 2013, acceptée sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion qui n’avait toutefois pas été mis en œuvre par le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls.

La décision du tribunal de vendredi n’est pas conditionnée à la prise d’un tel arrêté par le gouvernement, s’est réjoui auprès de l’AFP l’avocat de M. Abdallah, Me Jean-Louis Chalanset, qui salue « une victoire juridique et une victoire politique ».

Au début des années 1980 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Abdallah, ancien instituteur, avait cofondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste prosyrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en France en 1981-1982.

Georges Abdallah est considéré comme l’une des figures les plus emblématiques de la lutte armée propalestinienne en Europe. Sa libération conditionnelle a été saluée par de nombreux militants et organisations pro-palestiniennes, qui voient en lui un symbole de résistance contre l’occupation israélienne.

La libération de Georges Abdallah soulève également des débats en France, certains la considérant comme une victoire pour les droits de l’homme et la justice, tandis que d’autres la voient comme un affront aux victimes des attentats perpétrés par les FARL.

Il est important de noter que la libération conditionnelle de Georges Abdallah ne signifie pas une exonération de sa responsabilité dans les crimes pour lesquels il a été condamné, mais plutôt une décision basée sur des critères légaux et humanitaires. Les autorités françaises devront maintenant superviser son départ du territoire national et veiller à ce qu’il ne revienne pas, conformément aux conditions de sa libération.

La libération de Georges Abdallah marque la fin d’une longue bataille judiciaire et politique pour ses partisans, mais soulève également des questions sur la manière dont la France gère les cas des militants politiques et les prisonniers liés à des conflits internationaux. Cette affaire met en lumière les tensions entre la lutte contre le terrorisme et le respect des droits fondamentaux, et invite à réfléchir sur la complexité des enjeux géopolitiques et historiques qui entourent les actions des individus engagés dans des mouvements de résistance armée.