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Les professionnels de santé en manque de soins: l’impact de la non-reconnaissance des maladies

À l’hôpital, la santé des soignants passe souvent au second plan.UGO AMEZ/SIPA

Dans le libéral comme à l’hôpital, on peine à prendre en compte la santé des soignants. La pénurie de professionnels, le manque de temps et le « mythe du médecin super-héros » contribuent à une médecine du travail défaillante, où la forme des praticiens est souvent reléguée au second plan malgré des horaires et des conditions de travail particulièrement difficiles.

Il aura fallu à peine six mois pour que le nouveau quotidien d’infirmier libéral de Laurent déteigne sur sa propre santé. « Mon cou était complètement bloqué, j’ai eu un énorme torticolis », se rappelle-t-il. Après avoir laissé traîner le problème sans agir, il finit par prendre un traitement sur les conseils d’un médecin, qui s’avère malheureusement inefficace.

Ce n’est qu’après plusieurs jours de souffrances supplémentaires que Laurent réalise que ses douleurs sont liées à son principal outil de travail : sa voiture. « Je fais 50 trajets par jour et j’ai adopté une mauvaise position. Une fois que j’ai mieux placé mon fauteuil, je n’ai plus eu mal », témoigne l’infirmier libéral, soulignant une véritable problématique d’ergonomie au sein de son espace de travail.

Le poids de la charge de travail

Laurent n’est malheureusement pas un cas isolé. De nombreux professionnels de santé, qu’ils travaillent en libéral ou à l’hôpital, font face à des conditions de travail éprouvantes. La charge de travail excessive, les horaires irréguliers et les exigences croissantes du système de santé mettent à mal la santé des soignants.

En effet, la pression constante pour faire face à un nombre toujours plus élevé de patients, les gardes de nuit et les week-ends, ainsi que le stress lié aux responsabilités médicales, ont un impact non négligeable sur le bien-être physique et mental des professionnels de santé. Ces derniers se retrouvent souvent à jongler entre leur propre santé et celle de leurs patients, sans pouvoir accorder à la leur l’attention qu’elle mérite.

Les conséquences de la non-reconnaissance des maladies professionnelles

La non-reconnaissance des maladies professionnelles est un autre problème majeur auquel sont confrontés les soignants. Les pathologies liées à l’exercice de leur métier, comme les troubles musculo-squelettiques, les problèmes de dos, les troubles psychologiques ou encore les infections nosocomiales, ne sont pas toujours prises en compte de manière adéquate.

En effet, le manque de sensibilisation et de formation des professionnels de santé sur les risques liés à leur activité, ainsi que la réticence des employeurs à reconnaître ces maladies comme des accidents du travail, rendent difficile la prévention et la prise en charge de ces pathologies. Les soignants se retrouvent donc souvent seuls face à leurs problèmes de santé, sans le soutien nécessaire pour les aider à les surmonter.

La nécessité d’une prise en charge globale de la santé des soignants

Face à ces enjeux, il est essentiel de mettre en place des mesures visant à prendre en charge de manière globale la santé des soignants. Cela passe par une meilleure prévention des risques professionnels, une sensibilisation accrue des professionnels de santé sur les pathologies liées à leur activité, ainsi qu’une reconnaissance et une prise en charge adéquate des maladies professionnelles.

Il est également important de promouvoir une culture du bien-être au travail, où les professionnels de santé se sentent soutenus et écoutés dans leurs difficultés. Des actions concrètes, comme la mise en place de consultations de médecine du travail régulières, la formation sur l’ergonomie et la prévention des risques, ainsi que la possibilité de bénéficier d’un suivi psychologique en cas de besoin, peuvent contribuer à améliorer la qualité de vie au travail des soignants.

En conclusion, la santé des soignants est un enjeu majeur de notre système de santé. Il est crucial de reconnaître l’importance de prendre soin de ceux qui prennent soin des autres, en leur offrant des conditions de travail favorables à leur bien-être et en leur apportant le soutien nécessaire pour faire face aux défis de leur métier. Seule une prise en charge globale de la santé des soignants permettra d’assurer la pérennité et la qualité des soins dispensés à la population.