Les Français doutent du leadership de la France en matière d’intelligence artificielle
Ce lundi, un sommet international sur l’intelligence artificielle a débuté à Paris, avec pour objectif de positionner la France comme un acteur majeur dans cette révolution technologique, selon Emmanuel Macron. En amont de cet événement, le président français a annoncé un investissement massif de 109 milliards d’euros pour stimuler l’innovation dans le pays. « Il est crucial d’être compétitif », a-t-il souligné avec conviction.
Une étude récente menée par Cluster17 pour Le Point révèle cependant que 67 % des Français doutent de la capacité de la France à devenir un leader en intelligence artificielle et nouvelles technologies. « Ce constat n’est pas vraiment surprenant », explique Jean-Yves Dormagen, président de l’institut de sondage. « Il reflète un pessimisme généralisé que l’on observe depuis un certain temps sur diverses questions de société. Il y a un réel manque de confiance dans les capacités de la France à influencer la scène internationale. »
### Des opinions divergentes parmi les Français
L’étude de Cluster17 a identifié différents « clusters » d’opinions parmi les Français. Les plus sceptiques, appelés les « Révoltés », estiment à 88 % que la France n’a aucune chance de rivaliser avec la Chine ou les États-Unis en matière d’intelligence artificielle. Ce groupe, caractérisé par une profonde méfiance envers les élites et les institutions, partage cette vision avec les Identitaires et les Traditionalistes.
En revanche, un quart des sondés jugent les ambitions d’Emmanuel Macron réalisables. Les Libéraux, les Sociaux-Démocrates et les Modérés se montrent plus optimistes quant au potentiel français dans ce domaine. Globalement, près de trois quarts des Français estiment que l’IA n’est pas une priorité budgétaire. Même les « Sociaux-Patriotes », habituellement attachés à la souveraineté, ne placent pas l’IA au cœur de leurs préoccupations.
« Un quart des Français considère que l’IA mérite un investissement prioritaire. C’est une proportion significative », souligne Jean-Yves Dormagen. Parmi eux se trouvent les Libéraux et les Centristes, qui pensent que la France doit s’engager pleinement dans cette voie.
### Clivages politiques et attitudes envers la technologie
Une division se dessine dans la façon dont les Français abordent le développement de l’intelligence artificielle. « Les Français les plus à gauche, les plus progressistes et radicaux, se montrent méfiants envers les technologies. Ils sont moins enclins à prioriser l’investissement dans ce secteur. En revanche, les clusters plus à droite sont plus enclins à soutenir la technologie », explique Jean-Yves Dormagen.
Selon ce dernier, l’enjeu climatique a modifié le rapport à la technologie. À gauche, l’idée de décroissance gagne du terrain, tandis qu’à droite, la solution technologique prend de l’ampleur. Ces tendances se reflètent dans le sondage de Cluster17, qui révèle que les électeurs de La France Insoumise sont les plus sceptiques quant à l’idée que l’IA soit un progrès.
Le groupe « Traditionaliste », attaché aux valeurs familiales, religieuses et d’autorité, soutient à 53 % l’investissement prioritaire dans l’IA. Ces Français, malgré leur conservatisme, figurent parmi les utilisateurs les plus assidus des nouvelles technologies et les perçoivent à 70 % comme un progrès plutôt qu’une menace.
### Une utilisation limitée mais en progression
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans la vie quotidienne des Français reste encore limitée. Seuls 21 % des sondés déclarent l’utiliser régulièrement, principalement pour des tâches pratiques telles que des recherches d’informations ou des traductions. L’IA demeure un outil d’appoint pour la majorité des Français.
« Cependant, pour les jeunes générations, ces outils sont devenus partie intégrante de leur quotidien. C’est devenu un outil ordinaire », observe Jean-Yves Dormagen. Les cadres et les jeunes générations sont les plus grands utilisateurs de l’IA. Près de la moitié des 18-24 ans affirment l’utiliser fréquemment, tandis que ce chiffre baisse à 6 % chez les plus de 75 ans.