news-05102024-084915

On imaginait difficilement Bambi pouvoir, un jour, faire polémique. Et pourtant. Le film Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois, inspiré du roman à succès de Felix Salten paru en 1939, n’est pas encore en salle qu’une controverse étrille déjà sa promotion.
Le nouveau long-métrage du réalisateur français Michel Fessler, auquel la chanteuse Mylène Farmer a prêté sa voix, et dont la sortie au cinéma est prévue le 16 octobre prochain, a fait bondir l’association de protection animale PAZ (Projet Animaux Zoopolis), qui appelle à sa déprogrammation du Festival du film de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où il doit être présenté en avant-première ce 29 septembre.
Dans son collimateur : les « conditions animales » du tournage. « Ce film a fait appel à des dresseurs d’animaux sauvages. Pour quelques minutes à l’écran, les animaux sont privés de liberté toute leur vie et subissent la violence du dressage. Alors même qu’il existe des alternatives techniques pour représenter des animaux à l’écran (images de synthèse, animatronique, extraits vidéo issus de banques d’images…) », fait valoir l’association dans une pétition en ligne, qui réunissait ce mardi près de 9 800 signatures.
« Du même bord pour la protection animale »
« Nous dénonçons également que le film Bambi trompe le public », poursuit PAZ dans son argumentaire : « Il est aux antipodes des valeurs de Felix Salten, qui a écrit un livre exceptionnel, profondément anti-captivité. » Des accusations auxquelles n’a pas tardé à répondre le producteur du film, Jean-Pierre Bailly, qui compte à son actif plusieurs films mettant en scène des animaux, dont une trilogie consacrée aux loups et le documentaire Lynx.
« Je trouve ça un peu exagéré. J’ai l’impression qu’on est du même bord pour ce qui est la protection animale. […] On ne peut pas faire ces films-là si on n’aime pas les animaux, si on ne les respecte pas », a-t-il ainsi fait valoir auprès de nos confrères du Parisien, précisant qu’un tel tournage imposait des « précautions supplémentaires ». « Un an avant de démarrer […], nous avons préparé le film avec des animalières. Puis, nous avons tourné seize semaines, soit le double d’un film normal. Ce sont les animaux qui ont guidé le tournage. Ce qui comptait, c’était le bien-être animal. »
« Encore plus justifié de le programmer »
Aux accusations portant sur la « violence du dressage », le producteur a, en outre, assuré que « les animaux n’avaient jamais peur » : « On n’a eu aucun incident, personne n’a été maltraité. J’ai pu constater l’éthique des animalières. » Quant à la question de faire appel à des images de synthèse, pour Jean-Pierre Bailly, « avoir cette proximité avec le monde sauvage est indispensable » : « Ce film raconte des choses de la nature, qui n’est pas si facile, qui est dangereuse. »
Si la loi encadre le recours aux animaux dans un cadre artistique – la loi contre la maltraitance animale interdira, notamment, d’ici à 2028 le recours à des animaux dans les cirques itinérants –, aucune ne défend d’y recourir pour des productions cinématographiques ou publicitaires.
La municipalité de Montreuil – qui avait justement pris position contre les cirques animaliers – y voit, avant tout, l’occasion d’en débattre. Au Parisien, le directeur d’exploitation du cinéma Le Méliès de Montreuil, Antoine Heude, a expliqué : « Nous sommes le premier cinéma public de France. Nous sommes de ceux qui organisent le plus de rencontres. Notre ADN, c’est le débat. Puisque des personnes veulent polémiquer autour de ce film, ça nous semble encore plus justifié de le programmer ».