news-27092024-225543

Vigilance maximale en Nouvelle-Calédonie alors que les tensions persistent

La situation en Nouvelle-Calédonie reste tendue quatre mois après le début des émeutes qui ont secoué l’archipel. Ce mardi 24 septembre, les indépendantistes commémoreront le « deuil du peuple kanak », en référence à la date de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France.

La commémoration du 24 septembre 1853

Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Auguste Febvrier Despointes prenait possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de la France, sur ordre de l’empereur Napoléon III. Jusqu’aux années 1970, cette date était célébrée comme le « rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France ». Cependant, en 1974, les indépendantistes ont commencé à commémorer le « deuil du peuple kanak ». Depuis lors, le 24 septembre cristallise les attentes politiques des indépendantistes, symbolisant leurs revendications pour l’indépendance de l’archipel.

Les attentes politiques des indépendantistes

En 1980, l’Union calédonienne (UC) avait exprimé son espoir de voir l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie réalisée le 24 septembre 1982. Deux ans plus tard, le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) était fondé le 24 septembre 1984. En 2003, le « Mwa Kaa » (la « case des hommes »), un ensemble de poteaux sculptés, était inauguré à Nouméa, où les indépendantistes se réunissent chaque année depuis lors.

Déclaration de souveraineté et fête de la citoyenneté

Cette année, aucun mouvement indépendantiste n’a appelé à manifester pour la date anniversaire du 24 septembre. Seuls les grands chefs coutumiers de l’association Inaat Ne Kanaky se réuniront pour une « déclaration unilatérale de souveraineté sur les chefferies ». Selon Hyppolite Sinewami Htamumu, président de l’association, cette démarche symbolique permettra au peuple autochtone kanak de se détacher du système colonial.

En réponse, le gouvernement organise depuis 2004 une « fête de la citoyenneté » qui rassemble les cultures des différentes ethnies de l’île, promouvant ainsi la diversité et l’unité au sein de la société calédonienne.

Dispositif de sécurité renforcé

Le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie a été le théâtre d’émeutes violentes suite au vote d’une réforme du corps électoral, entraînant la mort de treize personnes, dont deux gendarmes, et causant des blessures à des centaines d’autres. Les dégâts matériels ont été estimés à plus de 2 milliards d’euros.

Afin d’éviter tout risque de débordement le 24 septembre, les autorités françaises ont mis en place un dispositif de sécurité inédit, mobilisant 6 000 policiers, gendarmes et militaires. Ce chiffre est sept fois supérieur aux effectifs disponibles lors du début des émeutes en mai. Des colonnes de déploiement sont prévues pour appuyer les forces de l’ordre et démanteler d’éventuels barrages.

Prévention des violences

Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a souligné l’importance de surveiller de près les espaces publics et les églises, qui ont été la cible d’incendies volontaires ces dernières semaines. Le quartier de Saint-Louis, majoritairement indépendantiste à Nouméa, bénéficiera également d’une vigilance particulière.

Malgré ces mesures de sécurité renforcées, Théophile de Lassus, directeur de cabinet du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, affirme qu’il n’y a actuellement aucun élément laissant présager un regain de violence pour le 24 septembre.