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Les médecins face aux défis du repérage en soumission chimique

L’affaire du procès des viols de Mazan met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les médecins, en particulier les médecins de famille, peu formés pour identifier la soumission chimique. Le terme « soumission chimique » est devenu central dans les débats publics suite à ce procès, révélant également l’existence d’une « errance médicale » dans le suivi de ces cas complexes.

Un calvaire de près de dix ans a été vécu par Gisèle Pelicot, victime de viols perpétrés par son mari et d’autres agresseurs après avoir été droguée avec des anxiolytiques. Malgré des signes cliniques tels que des pertes de mémoire, des absences et des problèmes gynécologiques, le lien avec les agressions sexuelles n’a pas été clairement établi. Cette situation soulève des questions sur le rôle crucial des médecins en tant que gardiens de la santé face à ces violences.

La formation des professionnels de santé est un enjeu majeur, en raison de la complexité de la soumission chimique. Cette pratique consiste à administrer à une personne, à son insu ou sous la menace, des substances psychoactives à des fins criminelles ou délictuelles. L’effet de ces substances peut plonger les victimes dans une amnésie totale ou partielle, rendant le repérage encore plus difficile.

Les chiffres sur la soumission chimique sont difficiles à établir, mais les données du réseau national d’addictovigilance indiquent qu’en 2022, 1 229 agressions facilitées par des substances ont été recensées. Parmi celles-ci, 97 cas sont considérés comme des soumissions chimiques « vraisemblables », 346 sont des cas de vulnérabilité chimique (liés à la consommation volontaire de substances) et 786 sont des cas « possibles ». Ces chiffres montrent une augmentation exponentielle, en lien avec une libération de la parole favorisée par les réseaux sociaux.

L’absence de formation des professionnels de santé et la complexité du phénomène de la soumission chimique posent de réels défis pour le repérage de ces violences. Les médecins généralistes, en première ligne, se retrouvent souvent face à des situations délicates où la santé sexuelle et les violences se rencontrent. L’impératif de sensibilisation et de formation apparaît ainsi crucial pour mieux détecter et prendre en charge ces cas.

Le rôle des médecins de famille est essentiel dans le repérage précoce des violences, mais il est confronté à de nombreuses difficultés. Comment envisager l’inconcevable ? Cette question résonne parmi les praticiens qui reconnaissent leur méconnaissance fréquente en matière de violences sexuelles. La prise en charge de ces situations est d’autant plus ardue lorsque la victime ne consulte pas pour cette raison ou est accompagnée par son agresseur.

Face à ces enjeux, des initiatives de sensibilisation et de formation sont indispensables pour outiller les professionnels de santé dans la détection des cas de soumission chimique. Les médecins doivent être mieux informés sur les signes cliniques à repérer, les démarches à suivre et les ressources disponibles pour orienter les victimes vers une prise en charge adaptée.

En conclusion, la soumission chimique représente un défi majeur pour les médecins dans le repérage des violences. La sensibilisation, la formation et la coordination entre les différents acteurs de santé sont essentielles pour améliorer la prise en charge des victimes et lutter contre ce phénomène insidieux qui impacte de nombreuses vies.