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Le Congrès de Nouvelle-Calédonie a adopté mercredi une résolution demandant un soutien massif de l’Etat, de l’ordre de 500 milliards de francs Pacifique (soit environ 4,2 milliards d’euros). La raison ? Reconstruire l’archipel après les émeutes qui ont ravagé son tissu économique et social en mai dernier. Au-delà de ces vœux, la médiation internationale voulue par les indépendantistes et censée apaiser le dialogue entre l’Etat et ces derniers n’aura pas lieu.

Analyse de la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie après les émeutes – Trois mois plus tard

Alors qu’en est-il de la situation économique et politique de la collectivité d’outre-mer, trois mois après des émeutes qui ont secoué le territoire ? 20 Minutes a posé la question à Mathias Chauchat, professeur de droit public à l’université de Nouvelle-Calédonie.

### Crise à Nouméa : L’état actuel et les risques potentiels

Où en est la crise à Nouméa ? Faut-il craindre un nouvel embrasement ? D’après Mathias Chauchat, « la situation est presque redevenue normale sur Nouméa, l’activité a repris plus ou moins son cours ». Mais ce dernier atteste que les stigmates des émeutes sont encore profonds. « Il reste encore des blocages. Les forces de l’ordre bloquent la population entière, non seulement les Kanaks qu’elles privent de leurs droits élémentaires, mais aussi la population du Mont-Dore Sud [troisième commune de Nouvelle-Calédonie] et ses 15.000 habitants qui ne peuvent plus rejoindre la capitale que par des navettes maritimes. » En effet, selon l’universitaire, certaines routes sont fermées par la gendarmerie dans le secteur, comme celle de la tribu de Saint-Louis, qui relie le Mont-Dore à Nouméa. Et ce, pour prévenir le risque d’un affrontement « qui ferait de nouveaux morts ».

### Avancées pour renouer le dialogue entre l’Etat et les indépendantistes

Quelles sont les avancées pour renouer le dialogue entre l’Etat et les indépendantistes ? Depuis les émeutes, le dialogue entre les deux parties paraît quasi rompu. Mais c’était sans compter sur la volonté de ces derniers de faire appel à une médiation internationale, analyse Mathias Chauchat. « La mission du Forum des îles du Pacifique [organisation politique internationale de coopération régionale] aurait pu être un premier pas. Mais la France a voulu l’organiser entièrement seule en la focalisant sur ses efforts pour reprendre le dialogue après les dégâts causés par l’insurrection du 13 mai. » Malgré cette volonté étatique, « le dialogue sur une éventuelle solution institutionnelle est donc au point mort. » Car « le président de la République a annoncé qu’il reprendrait les discussions en octobre, sans préciser avec qui, ni sur quelle base ».

Et du côté des indépendantistes… « Les indépendantistes souhaitent discuter d’une date ferme d’indépendance en contrepartie de leur acceptation d’une convention d’interdépendance, c’est-à-dire la création d’un État associé [davantage autonome] », décrypte le professeur de droit. Cette solution, proposée entre les deux référendums de 2020 et 2021, est « radicalement refusée par l’État et les non-indépendantistes ».

### Impact économique des émeutes et perspectives de reconstruction

Économiquement, l’archipel peut-il se remettre des dégâts causés par les émeutes ? Les émeutes de mai dernier ont provoqué des bouleversements profonds, à la fois structurels et économiques. Ces derniers laissant l’archipel dans un chaos tel qu’une partie non négligeable de la population fuit le territoire. D’après Mathias Chauchat, « les dégâts économiques sont de l’ordre de 10 à 15 % du PIB calédonien ». Un pourcentage colossal qui laisse penser que « la reconstruction prendra du temps ». Car toujours selon le spécialiste, « les départs des populations sont assez sensibles. Depuis le 13 mai, on a enregistré 6.000 départs sans billet de retour sur une population d’à peine 270.000 habitants. À terme, 20.000 départs sont estimés par la chambre de commerce et d’industrie, essentiellement des Européens métropolitains ». Un phénomène qui devrait renforcer la population kanak, « tant le vote est ethnique ».

En conclusion, la situation en Nouvelle-Calédonie après les émeutes reste fragile, marquée par des tensions persistantes et des défis économiques importants. Il est crucial que les autorités et les différentes parties prenantes travaillent ensemble pour surmonter ces obstacles et trouver des solutions durables pour l’avenir de l’archipel.