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Michel Barnier, Premier ministre de la France, a récemment appelé à un effort financier supplémentaire de la part des citoyens les plus aisés du pays. Lors d’une interview accordée au journal télévisé de France 2 le dimanche 22 septembre, il a assuré que les impôts ne seraient pas augmentés pour les plus modestes, les travailleurs ni les classes moyennes. Cependant, face à une dette publique dépassant les 3 000 milliards d’euros, il a souligné la nécessité d’un « effort collectif » de désendettement, mentionnant que cela pourrait impliquer des prélèvements ciblés sur les personnes les plus fortunées et sur certaines grandes entreprises.

Geler le barème de l’impôt sur le revenu

Une des mesures envisagées par le gouvernement serait de geler le barème de l’impôt sur le revenu, ce qui signifierait que les niveaux de revenus définissant les tranches d’imposition ne seraient pas ajustés en fonction de l’inflation. Cela aurait pour conséquence de faire basculer certains contribuables dans des tranches d’imposition supérieures sans que leur pouvoir d’achat n’ait augmenté. Cette mesure impacterait au moins les deux tranches d’imposition les plus élevées, dont les taux marginaux sont de 41% et 45%. Il est même envisagé que la tranche correspondant à un taux de 30% soit également gelée. Selon les estimations, cette mesure pourrait rapporter environ 4 milliards d’euros en 2025.

Cette proposition représenterait un changement significatif par rapport à la politique fiscale menée par les gouvernements précédents sous les deux mandats d’Emmanuel Macron. En effet, selon la Cour des comptes, une baisse d’impôts de 62 milliards d’euros a été décidée sur la période 2018-2023.

Réformer le prélèvement forfaitaire unique (PFU)

Une autre piste envisagée pour faire contribuer davantage les plus aisés serait de réformer le prélèvement forfaitaire unique (PFU), également appelé « flat tax ». Cette mesure concerne les revenus du capital tels que les dividendes, certains produits d’épargne et la vente de biens immobiliers, avec un taux de 30% qui peut aller jusqu’à 34% pour les plus hauts revenus. Avant sa mise en place en 2018, le prélèvement sur les revenus du capital pouvait atteindre jusqu’à 60,5% pour les contribuables les plus fortunés.

Certains suggèrent d’augmenter le taux du PFU voire de revenir à une taxation du capital selon le barème de l’impôt sur le revenu, comme c’était le cas avant 2018. Cependant, le think tank Terra Nova souligne que la France se situe déjà parmi les pays les plus taxés au niveau international en matière de capital. Augmenter ce taux pourrait générer quelques centaines de millions d’euros, mais le rendement reste limité.

Envisager une augmentation de l’impôt sur les sociétés

En plus des mesures fiscales touchant les particuliers, Michel Barnier envisage également de mettre davantage à contribution les grandes entreprises. Il estime que certaines multinationales prospères pourraient contribuer à l’effort national de redressement. Une des options serait d’augmenter le taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS), qui est passé de 33,3% en 2017 à 25% en 2022. Selon la Cour des comptes, cette réduction a entraîné une baisse des recettes de 11 milliards d’euros pour l’année 2022.

Il est vrai que la question de taxer les superprofits des entreprises a été soulevée par certains politiciens de gauche, mais l’échec de la Contribution sur les Rentes Inframarginales (Crim) en 2022 a montré que la mise en œuvre de telles mesures peut être complexe et peu rentable. La Crim, censée rapporter 12,3 milliards d’euros, n’a finalement généré que 300 millions d’euros de recettes.

Dans l’ensemble, Michel Barnier cherche des moyens de réduire la dette publique de la France en demandant aux plus riches et aux grandes entreprises de contribuer davantage. Les propositions actuelles visent à réformer le système fiscal pour assurer un partage équitable de l’effort financier entre tous les contribuables. Comment ces mesures seront mises en œuvre et quel impact elles auront sur l’économie reste à voir.