Les agriculteurs français se mobilisent à nouveau, près d’un an après une mobilisation historique, pour protester contre la bureaucratie et les faibles revenus, mais surtout pour s’opposer à la possible signature de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Cet accord, en discussion depuis 20 ans, vise à établir une zone de libre-échange entre les 27 pays de l’UE et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay).
Le traité UE-Mercosur a pour objectif de supprimer plus de 90 % des droits de douane entre les deux marchés, facilitant ainsi les échanges de produits industriels et agricoles. Cela pourrait représenter un volume total d’importations et d’exportations entre 40 et 45 milliards d’euros par an. Les entreprises européennes pourraient exporter plus facilement des produits industriels tels que l’automobile, la chimie et la pharmacie, tandis que les pays du Mercosur pourraient exporter des produits agricoles comme la viande, le sucre, le riz et le soja.
Les agriculteurs français craignent que cet accord n’ouvre la porte à des importations massives de produits qui ne respectent pas les mêmes normes environnementales et sociales que ceux produits en Europe. Ils dénoncent une concurrence déloyale, soulignant les conditions d’élevage en Amérique du Sud, telles que l’utilisation de fourrage OGM et d’antibiotiques stimulateurs de croissance.
Le gouvernement français s’oppose également à cet accord dans sa forme actuelle, soulignant trois conditions essentielles : éviter l’augmentation de la déforestation importée dans l’UE, garantir la conformité avec l’accord de Paris sur le climat et instaurer des mesures en matière sanitaire et environnementale pour le Mercosur.
Certains pays européens, tels que l’Allemagne et l’Espagne, soutiennent le projet d’accord, tandis que d’autres, comme la Pologne et l’Autriche, s’y opposent. Les négociations pourraient capoter si la France parvient à réunir une minorité de blocage au sein du Conseil européen, avec le soutien d’autres pays comme l’Italie, l’Irlande et les Pays-Bas.
En fin de compte, la ratification de l’accord Mercosur par le Parlement européen reste incertaine, car une opposition significative persiste parmi les eurodéputés français de toutes tendances politiques. La mobilisation des agriculteurs français et la pression du gouvernement pourraient influencer le sort de cet accord controversé.