La métamorphose effrayante de James McAvoy en croquemitaine
En vacances dans une Toscane pittoresque, deux couples sympathisent. D’un côté, les Américains Mackenzie Davis et Scoot McNairy, en pleine crise conjugale, vivent à Londres avec leur fille. De l’autre, les Britanniques extravertis Aisling Franciosi et James McAvoy, amoureux transis, cool et sympathiques, avec leur fils étrangement silencieux. Entre visites touristiques et repas en terrasse, les nouveaux amis prévoient de se revoir après les vacances et se retrouvent bientôt dans la ferme isolée des Anglais. Mais dans le fin fond du Devon, le week-end idyllique prend une tournure inattendue…
Sur les traces de « Ne dis rien » se déroule « Speak No Evil », un excellent thriller danois de 2022 qui monte progressivement en tension et explore les compromis et les secrets tus. Produit par Jason Blum, à qui l’on doit des films comme « American Nightmare » ou « Paranormal Activity », ce remake horrifique reprend les éléments clés du film original, y compris certains dialogues marquants, avec un troisième acte spectaculaire et gore à souhait.
James Watkins, réalisateur peu prolifique d’Eden Lake, prend les commandes de cette adaptation et livre un film à l’atmosphère tendue, jouant avec les nerfs du spectateur. Il distille des indices, propose des séquences drôles mais perturbantes, et crée un suspense haletant. Tout en critiquant les apparences, les interactions sociales, et les aspects de la masculinité, toxique ou maladroite, Watkins se révèle être un excellent directeur d’acteurs.
Au casting, on retrouve Aisling Franciosi, discrète et énigmatique, Scoot McNairy en père de famille impuissant, et Mackenzie Davis en femme forte et résiliente. Mais c’est James McAvoy qui brille dans ce film. Connu pour ses rôles dans les X-Men, « Ordure! » ou « Split », il offre ici une performance remarquable à la Jack Nicholson dans « Shining ». Le corps musclé (il faisait une série de 35 pompes avant chaque prise en débardeur), il incarne d’abord le père aimant, le mari attentionné, et le copain sympathique avec qui on aimerait partager une bière.
Cependant, McAvoy se transforme peu à peu en croquemitaine, en minotaure terrifiant qui entraîne le spectateur dans un tourbillon de violence et de plaisir sadique. Avec des scènes d’anthologie, notamment lorsqu’il chante intensément la chanson « Eternal Flame » des Bangles en fixant Scoot McNairy, McAvoy instaure une tension palpable. Va-t-il l’embrasser passionnément, lui arracher la tête avec les dents, voire les deux? Ou encore, la scène où il contemple son fils dansant, passant de la joie à la rage avant de le brutaliser, est tout aussi intense.
Dans la dernière partie du film, McAvoy devient un croquemitaine hilare, emmenant le spectateur dans un tourbillon d’horreur jouissif. Ouvertement horrifique, « Speak No Evil » se conclut comme un home invasion venimeux, rappelant « Les Chiens de paille », avec des coups de fusil de chasse dans la tête. Un film hautement recommandé pour les amateurs de frissons et de suspense.
« Speak No Evil » de James Watkins sortira en salles le 18 septembre 2024.