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Tommy Robinson : Portrait d’un activiste anti-immigration en Angleterre

Tommy Robinson est-il en train de piloter les manifestations racistes au Royaume-Uni depuis la piscine d’un hôtel cinq étoiles à Chypre ? La presse britannique a révélé que l’activiste islamophobe et anti-immigration publie « un flux constant de publications incendiaires sur les réseaux sociaux » ces derniers jours, alors qu’il est en vacances avec sa famille et ses amis dans un hôtel chypriote.

Selon le Daily Mail, qui a publié de nombreuses photos de l’ancien membre de partis d’extrême droite, allongé sur un matelas gonflable, Robinson aurait fui le pays alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt britannique émis contre lui fin juillet, après avoir manqué une comparution devant le tribunal. La justice assure cependant que rien ne l’empêchait de partir.

Agitateur antimusulman

Qui est Tommy Robinson ? De son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, l’homme de 41 ans est un médiatique agitateur antimusulman au casier judiciaire fourni, fondateur et ex-leader l’English Defence League, mouvement anti-islam, créé en 2009.

Il serait le « leader de facto » des agitateurs violents de ces dernières semaines, affirme Martin Farr, chercheur en histoire britannique à l’université de Newcastle, cité par Libération. Ses soutiens entonnent d’ailleurs souvent un chant à sa gloire lors des manifestations et des émeutes, même s’il n’a plus aucun rôle officiel. Et s’il se tient en ce moment à distance des émeutes, il n’hésite pas quand il le faut à descendre dans la rue pour participer aux manifestations, nécessitant à chaque fois un important déploiement de forces de l’ordre.

Son compte X rétabli par Elon Musk

Mais c’est surtout sur les réseaux sociaux qu’opère désormais l’extrémiste, condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence. Car si les mouvements d’extrême droite manquent aujourd’hui de chef formel, « ils disposent de figures de proue, souvent issus d’une sélection d’influenceurs d’extrême droite sur les réseaux sociaux, en particulier Tommy Robinson », souligne le groupe antiraciste Hope not Hate (l’espoir pas la haine).

Un partisan du militant britannique d’extrême droite, fondateur et ancien dirigeant de la Ligue de défense anglaise (EDL), Tommy Robinson, montre son tatouage à Trafalgar Square. – H.Nicolls

Soulignant le rôle de lien joué par les technologies, Hope not Hate a relevé que la plupart des manifestations récentes étaient organisées « souvent par des gens vivant localement, branchés sur des réseaux d’extrême droite décentralisés sur Internet ». Des réseaux sociaux qui ont servi à répandre des fake news après l’attaque au couteau, le 29 juillet à Southport, dans laquelle trois fillettes ont été tuées.

Agé de 17 ans, le suspect, Axel Rudakubana, né au Pays de Galles de parents originaires du Rwanda selon les médias, a été interpellé et écroué. Il est accusé de meurtres et tentatives de meurtres. Rapidement, des rumeurs ont affirmé que le meurtrier était un demandeur d’asile musulman, arrivé en Angleterre par bateau en 2023. De nombreux comptes d’extrême droite, notamment celui de Robinson, les ont relayées.

Autrefois supprimé, le compte X (ex-Twitter) de Tommy Robinson a été rétabli par le patron de la plateforme Elon Musk l’année dernière, et compte désormais quelque 800.000 abonnés. Le milliardaire américain a lui-même été accusé d’attiser les tensions. Dimanche, il a écrit « la guerre civile est inévitable » en réponse à un usager imputant les émeutes aux « effets des migrations de masse et des frontières ouvertes ».