Des pourparlers des négociateurs israéliens au Caire pour une trêve à Gaza
Des négociateurs israéliens participent vendredi à des discussions au Caire en vue d’une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d’otages, à l’heure où la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien.
Ces négociations ont lieu une semaine après des pourparlers à Doha entre les médiateurs américain, qatari et égyptien et les chefs du Mossad (renseignements extérieurs israéliens), David Barnea, et du Shin Bet (sécurité intérieure), Ronen Bar.
MM. Barnea et Bar sont au Caire où ils « négocient pour faire progresser un accord pour (libérer) les otages », a dit jeudi soir à l’AFP Omer Dostri, le porte-parole du Premier ministre, Benjamin Netanyahu. Selon des médias israéliens, les Américains se trouvent aussi au Caire.
Les otages ont été enlevés et emmenés à Gaza lors d’une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien dévasté et assiégé.
Les nouvelles négociations interviennent après une tournée au Moyen-Orient du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui n’a pas permis de percée, et un appel téléphonique mercredi entre M. Netanyahu et le président américain, Joe Biden, qui a « souligné l’urgence de finaliser un accord sur un cessez-le-feu et une libération des otages ».
Les enjeux des négociations
Lors des négociations à Doha, Washington a soumis une proposition d’accord pour une trêve, dont le contenu n’a pas été rendu public. M. Blinken avait alors affirmé que M. Netanyahu l’avait acceptée et appelé le Hamas à faire de même.
Mais les autorités israéliennes n’ont à ce jour pas annoncé avoir approuvé la proposition américaine et le Hamas l’a rejetée en accusant les Etats-Unis d’y avoir intégré des « conditions israéliennes » notamment sur le « couloir de Philadelphie ».
M. Netanyahu se dit déterminé à maintenir les troupes israéliennes dans cette bande de terre le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte, dont elles ont pris le contrôle en mai.
Des Palestiniens se tiennent dans un bâtiment détruit par un bombardement israélien dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 août 2024, sur fond de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas
Les défis à relever
Le Hamas insiste sur l’application, en l’état, d’un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu’il avait accepté. Il prévoit une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire.
Mais après plus de dix mois de guerre, certains ont du mal à croire à la conclusion d’un accord de trêve. « Je le dis avec tristesse. Je ne pense pas qu’il se réalisera (…). Tout le monde (…) est motivé par des intérêts personnels, à la fois en Israël et dans les autres camps, et même parmi les médiateurs », déplore Ran Sadeh, un Israélien de 57 ans interrogé par l’AFP à Tel-Aviv.
« C’est assez frustrant et cela ne semble pas très prometteur », renchérit Hila Gueva, une Israélienne de 50 ans.
Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait par ailleurs à éviter une escalade militaire au Moyen-Orient, où l’Iran et ses alliés — Hamas et Hezbollah libanais — accusent Israël d’avoir assassiné fin juillet à Téhéran l’ex-chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et menacent de riposter.
Le bilan humain et les conséquences
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
L’armée israélienne a indiqué jeudi avoir trouvé des balles dans les corps de six otages qu’elle a récemment récupérés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ajoutant enquêter sur les circonstances de leur mort.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme terroriste, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé en riposte à l’attaque du 7 octobre une offensive d’envergure qui a fait au moins 40.265 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D’après l’ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.
Dans la bande de Gaza, où les quelque 2,4 millions d’habitants sont confrontés à un désastre humanitaire, des témoins ont fait état vendredi de tirs d’artillerie israéliens intenses à Khan Younès (sud) et à Deir el-Balah (centre) où un enfant a été blessé dans le bombardement. L’armée israélienne a indiqué pour sa part qu’au cours de la journée écoulée, les troupes israéliennes avaient « éliminé des dizaines de terroristes et démantelé des dizaines de sites d’infrastructure terroriste » dans la région de Khan Younès et à la périphérie de Deir el-Balah. De « nombreux terroristes » ont également été tués dans la région de Rafah, selon elle. Des témoins ont entendu des tirs intenses de chars israéliens dans les quartiers ouest de la ville de Rafah (sud).
Selon un journaliste de l’AFP, des affrontements armés avaient par ailleurs lieu vendredi matin entre des combattants palestiniens et l’armée israélienne dans le sud de la ville de Gaza (nord).