Chaque semaine, découvrez l’un des finalistes du prix Bulles d’Humanité, en partenariat avec le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS), qui sera décerné lors de la Fête de l’Humanité. Cette semaine, plongez dans l’univers de « Le Ciel dans la tête », une odyssée contemporaine à travers l’Afrique qui met en lumière l’humanité dans toute sa complexité.
Antonio Altarriba a marqué les esprits en 2011 avec « L’Art de voler » (El Arte de volar ; dessin de Kim chez Denoël Graphic), un roman graphique poignant racontant l’histoire de son père, républicain espagnol antifranquiste qui a tragiquement mis fin à ses jours à l’âge de 90 ans. Après cette œuvre autobiographique, Altarriba se lance dans un récit documentaire puissant, composé de paraboles, avec « Le Ciel dans la tête ». L’alliance du dessin de Sergio García Sánchez et des couleurs de Lola Moral confère à cet ouvrage une dimension artistique captivante.
« L’Art de voler » retrace le périple de Nivek, un adolescent congolais de 12 ans, plongé dans l’univers impitoyable d’une exploitation illégale de coltan. Son histoire débute par une renaissance miraculeuse après avoir été sauvé d’un éboulement par son ami Joseph. Dans un acte de bravoure, Nivek tue un garde menaçant Joseph, marquant ainsi le début de sa transformation en Kadogo, un enfant-soldat au sein d’une milice paramilitaire. De survivant, il devient guerrier, confronté à la cruauté de son environnement. Face à l’absurdité de sa réalité, il décide de fuir vers le nord, loin de la misère qui l’entoure.
Chaque étape de son voyage symbolise une expérience transformative pour Nivek. Dans la jungle, il apprend le partage et la générosité, puis découvre la sagesse à travers un marabout pendant sa traversée de la savane. Son passage à travers le désert le confronte à des défis physiques et émotionnels pour affronter la chaleur et la solitude. En Libye, il doit faire face au cynisme ambiant avant de se confronter au dernier obstacle : la Méditerranée, symbole de son périple vers l’Espagne et ses promesses futures.
Entre la rédemption d’un enfant-soldat et le voyage dramatique d’un migrant, « Le Ciel dans la tête » soulève des questions essentielles. Corruption, exploitation, humiliation se mêlent au fantastique, à la bonté naturelle et à l’espoir, créant une ambivalence saisissante. Le talent de Sergio García Sánchez se révèle dans la richesse graphique de l’œuvre, avec des compositions variées qui renforcent la narration. Les couleurs de Lola Moral s’intègrent harmonieusement, reflétant les différents environnements traversés par Nivek sans tomber dans l’exagération. Cette alliance entre le fond et la forme confère toute sa puissance au récit.
Après le succès de « L’Art de voler », Antonio Altarriba a signé une trilogie acclamée, comprenant « Moi, assassin », « Moi, fou » et « Moi, menteur ». Son collaborateur, Sergio García Sánchez, est un artiste polyvalent travaillant pour la presse et la télévision, tandis que sa compagne Lola Moral apporte sa touche artistique en tant que coloriste, peintre et graveuse sur bois depuis 1986.
En suivant le parcours de Nivek à travers l’Afrique, « Le Ciel dans la tête » offre une réflexion profonde sur la condition humaine et les défis auxquels sont confrontés les individus en quête d’une vie meilleure. La force narrative de l’œuvre réside dans sa capacité à mettre en lumière les injustices et les espoirs qui jalonnent le chemin de Nivek, offrant ainsi une réflexion poignante sur les enjeux contemporains de notre société.
Laissez-vous emporter par cette odyssée contemporaine riche en émotions et en réflexions, où l’humanité se dévoile dans toute sa complexité. « Le Ciel dans la tête » est bien plus qu’une simple bande dessinée, c’est un témoignage poignant sur le courage, la résilience et la quête de liberté d’un jeune homme en quête de son propre destin. plongez dans cet univers captivant et laissez-vous transporter par la force de cette histoire bouleversante.
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