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L’investiture de Kamala Harris lors de la convention démocrate comme candidate officielle du parti à la Maison Blanche fait souffler un vent d’optimisme chez les démocrates. Un optimisme nourri par le ralliement d’anciens trumpistes et le flottement observé dans le soutien des évangéliques au milliardaire. Sans oublier l’espoir d’une percée démocrate en Floride, généralement acquise aux républicains.

### Les soutiens inattendus de Kamala Harris

Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. L’adage a-t-il poussé plusieurs personnalités républicaines à se détourner de Donald Trump pour embrasser la candidature de Kamala Harris ? Lors de la grand-messe du Parti démocrate à Chicago, ouverte depuis lundi, plusieurs transfuges ont cherché en tout cas à expliquer leur conversion.

C’est le cas de Stephanie Grisham, ancienne attachée de presse du 45e président des États-Unis. Donald Trump « n’a pas d’empathie, pas de morale et pas de fidélité à la vérité », a-t-elle ainsi cinglé, elle qui a aussi été la porte-parole de Melania Trump, épouse du milliardaire. Autre « repentie » : Olivia Troye. L’ex-conseillère du vice-président Mike Pence a désavoué l’ancien locataire de la Maison Blanche.

Médiatisé lui aussi, le désamour de l’homme d’affaires Rich Logis, qui comptait parmi les « fidèles » de Donald Trump. La gestion calamiteuse de la pandémie de Covid-19 par l’ancien président et l’attaque du Capitole par ses partisans en janvier 2021 ont fini par le dégoûter de son ancien modèle et lui faire quitter, en août 2022, le mouvement trumpiste « Make America Great Again ».

« Cela n’a pas été simple. C’était devenu une partie de moi », confie aujourd’hui l’homme de 47 ans. Promettant aujourd’hui son vote aux démocrates, il a fondé le groupe des « républicains pour Harris ».

Un revirement assumé dans un message vidéo diffusé lors de la convention à Chicago. « J’ai arrêté d’écouter ce que Trump disait et j’ai regardé autour de moi avec mes propres yeux. Et j’ai réalisé qu’il avait menti sur à peu près tout. »

Autre changement de cap significatif, celui de Geoff Duncan. Celui qui était lieutenant-gouverneur de Géorgie lors de la dernière présidentielle n’a pas apprécié les tentatives de Donald Trump de renverser les résultats du scrutin dans cet État.

Et la liste continue… Parmi les « trumpistes repentis » médiatisés à la convention démocrate, Ana Navarro, personnalité de la télévision, Adam Kinzinger, ancien représentant républicain de l’Illinois au Congrès, ou encore John Giles, maire de Mesa, dans l’Arizona. Ce dernier a fait mardi une « confession » aux démocrates sur la scène de la convention. « Je suis un républicain de toujours. Mais je me sens plus à l’aise ici que dans le Parti républicain d’aujourd’hui. »

### La possible bascule de la Floride

Une terre trumpiste pose également de plus en plus question. Tombée momentanément dans l’escarcelle de Barack Obama lors des présidentielles de 2008 et 2012, la Floride est solidement républicaine depuis les élections de mi-mandat de 2014. Avant que Joe Biden ne se retire de la campagne présidentielle, les sondages prédisaient d’ailleurs une victoire relativement confortable au candidat républicain en novembre.

Mais un sondage réalisé les 10 et 11 août et décrypté par Newsweek montre que la vice-présidente sortante peut espérer battre Donald Trump dans le « Sunshine State ». La nouvelle championne des démocrates y jouit d’un avantage significatif sur le milliardaire parmi les femmes mais aussi les électeurs noirs et hispaniques.

« Le soutien à Harris-Walz ressemble beaucoup à la coalition d’Obama qui a remporté la Floride en 2008 et 2012 », remarque dans Newsweek Judithanne Scourfield McLauchlan, professeure agrégée de sciences politiques à l’Université du Sud de la Floride.

La victoire de Kamala Harris dans l’État d’adoption de Donald Trump représente toutefois un « défi important », nuance le magazine américain.

### Les évangéliques en croisade contre Donald Trump

Outre la Floride, Donald Trump devra surveiller aussi dans les prochaines semaines l’évolution d’un autre électorat : les chrétiens évangéliques. Sur les réseaux sociaux, le mouvement Evangelicals for Harris mène campagne contre Donald Trump. Une croisade que le Parti républicain, prisé dans les milieux protestants-conservateurs, n’avait sans doute pas anticipée.

Or les évangéliques ont joué un rôle crucial dans la victoire de Donald Trump en novembre 2016. L’ancien président se présente volontiers comme le candidat d’une Amérique croyante, prêt à s’opposer au progressisme des démocrates.

Donald Trump n’est rien de moins qu’un « faux prophète », a prévenu le groupe Evangelicals for Harris, qui a diffusé lundi une vidéo compilant 35 secondes de phrases chocs prononcées par l’erratique milliardaire. Parmi elles : « Je pourrais me tenir au milieu de la Cinquième Avenue [à New York] et tirer sur quelqu’un sans perdre d’électeurs, d’accord ? C’est incroyable. »

Si Donald Trump compte sur le soutien du mouvement MAGA – « Make America Great Again » –, qui présente une composante évangélique, une enquête de Newsweek suggère cependant que les pasteurs de MAGA ne font pas de dons pour sa campagne de 2024. Une pétition lancée par un autre mouvement chrétien, Faithful America, appelle à ne pas voter pour le candidat républicain. À la mi-août, elle était déjà signée par des milliers d’Américains.

« Le christianisme nous a enseigné l’amour », soulignent ses organisateurs, qui s’élèvent contre le « discours de haine » de celui qui a affirmé au printemps vouloir… « make America pray again » – « faire prier l’Amérique à nouveau ».