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Les découvertes musicales du cahier musique de «Libération»

Chaque week-end, la web radio de «Tsugi» accompagne le cahier musique de «Libération». La découverte : Nochka, spleen capital.

Cela s’appelle avoir de la suite dans les idées. A 14 ans, Nolwenn, pas encore devenu Nochka, décide que cette affirmation en forme de punchline, «Paris capitale de la solitude», inspirée par Baudelaire, sera le titre de son premier album. Mission accomplie huit ans plus tard pour cette jeune femme née à Lyon mais qui grandit dans la campagne de Saône-et-Loire et réside désormais à Paris, objet d’une relation amour /haine. Une enfant précoce à l’imagination débordante, autrice de scénarios de films à 10 ans. Puis, la prose de son journal intime se transforme en rimes devenues paroles pour ses chansons. Elles fournissent donc aujourd’hui la matière première de cette partition frissonnante, où le souffle puissant des énormes basses contraste avec l’apparente fragilité du personnage, hospitalisé pendant trois mois pour dépression.

Maladie du siècle pour une jeunesse secouée aux repères troubles et à l’avenir incertain. Trouble partagé avec une certaine Billie Eilish dont l’influence plane sur Nochka. C’est dans les murs de l’hôpital qu’elle s’est reconstruite en donnant corps à cet album, sorti fin juin, qualifié par ses soins de dark pop. Sombre, il l’est à coup sûr, habité par un mal de vivre prégnant, mais pop aussi par la grâce de mélodies immédiatement accrocheuses sans être pour autant (trop) racoleuses. Glissées en fin de programme, cinq brèves notes vocales en forme d’effraction dans la vie et la psyché de cette fan de Tim Burton, sont autant de clins d’œil à une génération qui aime tant dégainer les «reels» sur Instagram. Celle qui aidait à l’accouchement des chèvres de sa voisine quand elle rentrait du lycée a mis au monde à son tour un très beau bébé.

Nochka Paris capitale de la solitude (French Flair Entertainment)

La playlist

Mira Ló Night Walk

Extrait de l’excellente compilation Hexagonal Club Vol. 5 présentant l’écurie du label house Pont Neuf Records. Cette subtile productrice déploie toute la sensualité d’une house vocale extatique. Pour une rentrée dancefloor.

Winter Family Daughters of Jerusalem

Au cœur du volcan, entre France et Israël, Ruth Rosenthal & Xavier Klaine tissent un drôle (façon de parler) de reggae-cold wave tendu et puissant. On pense à la Nina Hagen de African Reggae en after au Berghain.

Gift It’s All Too Fast

Brooklyn est dans la place. La bande du chanteur charismatique TJ Freda pilonne son shoegaze nerveux avec une section rythmique du feu de Dieu. C’est inspiré et vaguement psychédélique.

Paul Heaton Fish ‘n’Chips Supper

Inoxydable, Paul Heaton retourne le Royaume-Uni avec sa pop intemporellement british et ses histoires du quotidien. Ici l’incidence du fish’n’chips sur la vie conjugale. Quelque part entre les Beatles et Kinks. Valeur sûre.

Chrystabell & David Lynch You Know the Rest

Entre country sous Xanax et ambient, le réalisateur accompagné par cette chanteuse texane invente une musique fantasque dont on ne sait pas très bien si elle tient du rêve ou du cauchemar. Un peu comme dans ses films.