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Le Parti démocrate se prépare à célébrer l’avènement de Kamala Harris

La convention démocrate, qui s’ouvre lundi à Chicago, va offrir à la vice-présidente l’occasion de conforter l’élan qu’elle a suscité en un temps record depuis l’effacement de Joe Biden dans la course à la présidentielle américaine.

La métamorphose d’une chrysalide en papillon porte un joli nom : la mue imaginale. C’est ce récit d’entomologie politique qui domine aujourd’hui dans les médias américains au sujet de Kamala Harris, conjugué avec une soudaine amnésie sur les vulnérabilités passées de la vice-présidente. A-t-elle changé, ou bien la regarde-t-on différemment à l’aune de ce moment solennel? La candidate du Parti démocrate, qui tiendra sa convention à Chicago (Illinois), de lundi 19 à jeudi 22 août, bénéficie d’un élan politique exceptionnel, noué en seulement quatre semaines, depuis le retrait de la course à la Maison Blanche de Joe Biden. Le rassemblement de sa formation promet d’être une célébration du nouveau ticket qu’elle forme avec son colistier, Tim Walz, l’habile et rassurant gouverneur du Minnesota.

Kamala Harris suscite un enthousiasme inédit. On le sent dans ses réunions publiques. On le devine prudemment, sondage après sondage, chez les électeurs américains, en particulier dans les Etats-clés de la Rust Belt industrielle (Pennsylvanie, Wisconsin et Michigan) et dans les segments de population très disputés, comme les indépendants, les femmes et les minorités de couleur. On le mesure enfin dans les errements actuels de Donald Trump, désorienté par l’effacement de son meilleur rival, Joe Biden. Au point de dénoncer un déni de démocratie au sein du parti du président.

Pour des questions procédurales, l’enregistrement (roll call) du choix des délégués démocrates, Etat par Etat, a déjà été effectué à distance, début août. Toute la saveur de la convention résidera dans les prestations oratoires. Joe Biden s’adressera aux participants au cours de la première soirée, lundi, avant de se retirer à la Maison Blanche. Son crépuscule politique forcé lui inspire forcément de l’amertume. L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton le précédera. Barack Obama est attendu sur scène, mardi, puis Bill Clinton le lendemain. Pendant ces journées denses, les rues de Chicago devraient être animées. Deux rassemblements sont prévus en faveur d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, alors que la Maison Blanche espère une conclusion des négociations pour libérer les otages aux mains du Hamas, d’ici à la fin de la semaine prochaine, au Caire, en Egypte.

Il est difficile de trouver un précédent à l’extraordinaire reconfiguration politique survenue aux Etats-Unis depuis le 21 juillet. En annonçant ce jour-là son retrait de la course présidentielle, par un communiqué éludant à la fois les raisons et les pressions subies dans son propre camp, Joe Biden a provoqué une série de réactions en chaîne. En moins de quarante-huit heures, sa vice-présidente, Kamala Harris, prenait le relais, tandis que tous les candidats potentiels à l’investiture s’écartaient de son chemin. Les donateurs rétablissaient le flux abondant des contributions. La candidate s’assurait du soutien des délégués, écartant tout suspense inutile. Sa mise sur orbite fulgurante déstabilisait le camp républicain, sorti de sa propre convention à Milwaukee, dans le Wisconsin, à la mi-juillet, avec un esprit conquérant.