L’aile gauche de la macronie est confrontée à une décision cruciale
La composition du gouvernement de Michel Barnier, clairement marquée par des tendances très à droite, les premières déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et l’attitude du Premier ministre envers le Rassemblement national mettent une fois de plus l’aile gauche de la macronie dans une situation délicate.
Une atmosphère tendue et chargée d’électricité règne. Avec un ministre de l’Intérieur représentant la droite la plus dure et un Premier ministre qui cherche à rassurer Marine Le Pen, les premiers jours du gouvernement Barnier établissent un ton qui met en difficulté ce qui reste de l’aile gauche de la macronie. Ces dernières semaines, cette faction avait déjà exprimé ses inquiétudes, qui se sont rapidement confirmées après l’annonce de l’équipe gouvernementale de Michel Barnier.
En moins de 24 heures, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a lancé plusieurs sujets polémiques. Lors de la passation de pouvoirs avec Gérald Darmanin, il a mis l’accent sur « l’ordre, l’ordre, l’ordre », pour ensuite déclarer le soir même sur TF1 son intention de réformer l’aide médicale d’État (AME) et critiquer l’exécution des peines de justice. Le lendemain, c’est Michel Barnier qui a dû appeler Marine Le Pen pour la rassurer suite à des propos tenus par son ministre de l’Économie, Antoine Armand, remettant en question la place du Rassemblement national dans « l’arc républicain ».
Quelques députés de l’aile gauche de la macronie, comme Ludovic Mendes ou Stella Dupont, ont exprimé leur soutien à Antoine Armand, approuvant ses prises de position antérieures sur le RN. D’autres ont réagi aux déclarations du ministre de l’Intérieur en matière d’immigration et d’AME, soulignant l’importance de politiques responsables et non populistes.
Cependant, les voix discordantes sont rares. L’aile gauche de la macronie, qui a perdu de nombreux membres depuis 2017, est désormais peu représentée. Avec l’approche des nouvelles élections législatives, ces députés restent prudents, craignant une sanction de leur parti en cas de dissidence. Peu ont accepté de s’exprimer sur le sujet, soulignant le faible poids politique de leur faction.
Sacha Houlié, ancien leader de l’aile gauche de la macronie, a tenté en vain de rassembler ses camarades au sein d’un groupe indépendant, mais a fini par siéger comme non-inscrit à l’Assemblée nationale. Cette dérive vers la droite du gouvernement Macron, illustrée par des lois controversées telles que la loi « Séparatisme » ou la réforme des retraites, a mis à mal l’unité de la majorité présidentielle.
L’alliance entre la macronie et Les Républicains souligne cette droitisation croissante du gouvernement. Face à cette évolution, l’aile gauche de la macronie devra décider si elle est prête à agir pour défendre ses valeurs et s’opposer à certaines mesures du gouvernement Barnier. La déclaration de politique générale du Premier ministre, prévue pour le 1er octobre, sera un moment crucial qui suscitera probablement des réactions fortes, y compris le dépôt d’une motion de censure de la part de la gauche.