La cherté de la vie en outre-mer: un défi persistant
Alors que des mouvements de protestation sont apparus en Martinique et à La Réunion, les réformes structurelles manquent. La gauche appelle le premier ministre à « retrouver un volontarisme politique » sur le sujet.
La mobilisation des citoyens contre la vie chère se poursuit en Martinique, où un troisième round de négociations sur les prix a eu lieu avec le préfet, jeudi 26 septembre, dans les locaux de la collectivité territoriale. Les syndicats sont entrés dans le mouvement, la CGT appelant jeudi à la grève reconductible. A La Réunion, une intersyndicale (sans la CFDT) a annoncé mercredi une grève générale pour le 1er octobre, en faisant référence à 2009, année où le mouvement social antillais avait été relayé dans l’île par un large collectif contre la vie chère.
Ce sujet de colère secoue depuis longtemps les territoires d’outre-mer, de manière différenciée et souvent asynchrone. Mais il les réunit face à l’Etat qui, entre dirigisme économique, fiscalité adaptée et mesures de soutien aux revenus, n’apporte toujours pas de réponse jugée convaincante par les Français ultramarins.
Sénateur de la Guadeloupe, Victorin Lurel, ancien ministre socialiste des outre-mer, a porté la dernière loi générale contre la vie chère, en 2012. Ses avancées – interdiction des accords exclusifs d’importation, pouvoir d’injonction de l’Autorité de la concurrence sur les entreprises, création d’un bouclier qualité-prix (un panier de produits au prix négocié chaque année), régulation des tarifs bancaires – sont demeurées insuffisantes.
Vendredi 13 septembre, dans un courrier adressé au premier ministre, M. Lurel a appelé Michel Barnier à « retrouver un volontarisme politique » sur le sujet. Il lui suggère pêle-mêle de relancer des négociations sur les prix sous l’égide de l’Etat, de réguler les coûts du transport maritime « dont les taux de fret ont été multipliés par 4,3 depuis 2018 », ou encore de mettre fin au monopole des constructeurs automobile sur les pièces détachées, un sujet irritant du quotidien. « Aucune rustine ne pourra durablement éteindre le sentiment d’injustice » qui s’exprime de nouveau, selon le parlementaire.
La résurgence des mobilisations intervient dans une conjoncture morose et une inflation persistante. Selon l’Institut d’émission d’outre-mer, la Martinique a subi une inflation de 3,2 % entre juin 2023 et juin 2024. Et « le nombre de demandeurs d’emploi est en hausse au deuxième trimestre (+ 0,6 %) pour la première fois depuis quatre ans ». A La Réunion, « tous les secteurs de l’économie sont concernés par le fléchissement de l’activité » et les dossiers de surendettement ont explosé « de 16,9 % en un an ». L’Insee ajoute de son côté que « les prix y sont plus élevés de 9 % par rapport à la France métropolitaine » et que cet écart s’aggrave depuis 2015, où il était de 7 %.
Victorin Lurel souligne également l’importance de réguler les coûts du transport maritime, qui ont augmenté de manière significative ces dernières années, impactant directement les prix des biens importés dans les territoires d’outre-mer. Il met en lumière la nécessité de mettre fin aux pratiques monopolistiques des constructeurs automobiles en ce qui concerne les pièces détachées, une mesure qui pourrait contribuer à réduire les coûts pour les consommateurs locaux.
La situation économique des territoires d’outre-mer reste préoccupante, avec une inflation croissante et une augmentation du chômage. Les habitants de ces régions continuent de lutter contre la vie chère, réclamant des mesures concrètes de la part des autorités pour améliorer leur quotidien.
La mobilisation des citoyens en Martinique et à La Réunion témoigne de la frustration grandissante face à des prix toujours plus élevés et des conditions de vie difficiles. Les autorités sont appelées à prendre des mesures urgentes pour répondre aux attentes des habitants des territoires d’outre-mer et garantir un accès équitable aux biens essentiels.
La question de la vie chère en outre-mer reste un défi majeur, nécessitant une action politique forte et des réformes structurelles pour améliorer la situation des habitants de ces régions éloignées. Les mouvements de protestation actuels soulignent l’urgence d’agir et de trouver des solutions durables pour lutter contre l’inflation et garantir un niveau de vie décent pour tous.