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La candidate démocrate Kamala Harris est entrée tardivement dans la course à la présidentielle 2024. Si on la voit de plus en plus dans les médias, une question subsistait jusqu’à ce mardi : qui serait son colistier ? L’actuelle vice-présidente a choisi Tim Walz, le gouverneur du Minnesota. Tristan Cabello, historien spécialiste des Etats-Unis, explique à 20 Minutes les enjeux d’un tel choix.

Un bon colistier doit compléter le candidat principal. En général, il équilibre le ticket politiquement et attire un segment clé de l’électorat. Un candidat démocrate de l’aile droite du parti choisira souvent un colistier de l’aile gauche pour plaire à l’ensemble du parti. La diversité est également cruciale, notamment chez les démocrates. Si l’on prend l’exemple de Kamala Harris, une femme racisée, on savait d’avance qu’elle ne choisirait pas un colistier racisé lui aussi mais plutôt un homme blanc.

Géographiquement aussi, on a tendance à chercher la diversité : ainsi, un candidat de la côte Est pourrait choisir un colistier du Midwest afin d’attirer des électeurs de cette région. Enfin, il est stratégique de choisir un colistier œuvrant dans un état clé que le candidat principal doit gagner. C’est pourquoi Josh Shapiro a émergé pour la Pennsylvanie ou Tim Walz, pour le Minnesota.

Sans doute, George W. Bush et Dick Cheney. Le vice-président avait un pouvoir considérable et était souvent perçu comme le cerveau du duo, certains commentateurs allant même jusqu’à dire qu’il était le véritable président. Autre exemple notable : le ticket John McCain – Sarah Palin, qui a suscité un immense enthousiasme… qui s’est rapidement essoufflé. Le rôle du vice-président reste souvent secondaire. Par exemple, beaucoup d’électeurs ignorent ce que Kamala Harris a accompli ces dernières années, tout comme peu de gens se souviennent des actions de Joe Biden durant ses huit années sous Barack Obama. Mais n’oublions pas que, parfois, le vice-président doit tout de même remplacer le président en cas d’incapacité, comme ce fut le cas de Lyndon B. Johnson, à la suite de l’assassinat de John F. Kennedy. Cela reste cependant très rare.

L’option Josh Shapiro représentait la stabilité, l’expérience et un ancrage solide dans un état clé. Tim Walz apportait, quant à lui, une connexion plus directe avec les électeurs du Midwest mais aussi la possibilité de mobiliser les progressistes. Ce choix devrait aussi révéler l’identité politique de Kamala Harris, qui reste pour le moment encore assez floue sur son programme. En tout cas, c’est sa première grande décision de campagne.

Tim Walz est un choix stratégique, notamment grâce à son profil qui semble parfaitement complémentaire au sien. Le gouverneur du Minnesota pourrait aider à ancrer le ticket démocrate dans une région essentielle pour l’élection de novembre, et aussi renforcer le soutien dans des Etats clés comme le Wisconsin et le Michigan. Aussi, son parcours lui confère une image d’homme proche des classes moyennes. Ajoutons à ceci, sa simplicité et le fait qu’il s’avère aussi très accessible. Autant d’atouts qui pourraient servir de contrepoids à l’image élitiste qui colle à Kamala Harris, originaire de Californie.

Un autre point intéressant : l’évolution idéologique de Tim Walz. On l’a vu passer d’un centrisme modéré à des positions plus progressistes. Cela devrait permettre au duo de toucher à la fois la base progressiste du parti tout en restant acceptable pour les électeurs modérés et indépendants. Cette capacité à naviguer entre différentes nuances politiques pourrait s’avérer précieuse pour le ticket Harris-Walz surtout, dans ce contexte électoral polarisé. Au final, Tim Walz est un bon choix. Il pourrait maximiser les chances des démocrates dans une compétition présidentielle très serrée.