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Israël utilise son arsenal législatif contre l’Unrwa

Israël considère la « destruction de l’Unrwa » comme un « but de guerre », selon le chef de l’agence pour les Palestiniens, Philippe Lazzarini, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Ces déclarations fortes ont poussé le Conseil de sécurité des Nations Unies, y compris les États-Unis, à avertir Israël contre l’adoption d’une loi qui entraverait les activités de l’Unrwa. Antonio Guterres, chef des Nations unies, a également mis en garde contre les conséquences « catastrophiques » d’une telle mesure.

La Knesset, le Parlement israélien, a approuvé le 6 octobre deux projets de loi visant à mettre fin aux activités de l’Unrwa en Cisjordanie et à Gaza, territoires occupés par Israël. Créée en 1949 par l’Assemblée générale des Nations Unies, l’Unrwa gère des centres de santé et des écoles pour près de 6 millions de réfugiés palestiniens enregistrés à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Jordanie. Considérée comme essentielle par Antonio Guterres, l’agence est la cible d’attaques israéliennes depuis plusieurs années.

Selon Denis Charbit, professeur de sciences politiques, Israël considère l’Unrwa comme sa principale cible depuis des années. Les critiques d’Israël à l’égard de l’organisation portent sur le statut particulier des Palestiniens par rapport aux autres réfugiés dans le monde et sur la transmission du statut de réfugié de génération en génération.

Juliette Touma, directrice de la communication de l’Unrwa, réfute ces arguments et explique que le statut de réfugié est également transmis par le HCR à d’autres groupes de réfugiés. Elle souligne que l’Unrwa est mandatée pour fournir des services de santé et d’éducation et ne traite pas du droit de retour des réfugiés palestiniens.

Les attaques contre l’Unrwa se sont intensifiées au cours de la dernière année, notamment après les accusations d’Israël selon lesquelles l’Unrwa emploierait des « terroristes » à Gaza. Des campagnes de désinformation ont également visé l’organisation, compromettant ses opérations humanitaires.

Les allégations d’Israël ont conduit plusieurs pays, dont la France, à suspendre ou réduire leur financement à l’Unrwa. Cependant, une évaluation de la neutralité de l’Unrwa n’a pas trouvé de preuves à l’appui des accusations israéliennes.

Denis Charbit estime que la volonté d’Israël d’interdire l’Unrwa par le biais d’une loi à la Knesset est une manœuvre politique intérieure. Pour le chercheur, cette approche témoigne d’un manque de diplomatie de la part du gouvernement israélien et risque d’aggraver sa situation internationale.

En conclusion, les tensions entre Israël et l’Unrwa reflètent un différend plus large sur le statut des réfugiés palestiniens et la réponse humanitaire à Gaza. Le sort de l’Unrwa reste incertain, mais les conséquences politiques de son éventuelle destruction pourraient être significatives pour la région.