Hitler était-il un végétarien convaincu ou simplement un imposteur ?
Dans la Tanière du Loup, tous les jours, entre 11 heures et 12 heures, au moins une heure avant le repas du Führer, une douzaine de femmes goûtent la nourriture qui sera servie à table. Paranoïaque, mais aussi visé par plusieurs tentatives d’assassinat, Hitler fait goûter tous ses plats.
Pour éviter tout risque d’empoisonnement, les SS imposent toujours une heure d’attente avant que Hitler ne commence son repas, afin que les effets de la nourriture sur les goûteuses puissent être constatés. En 2013, Margot Woelk, une des anciennes goûteuses du Führer, raconte au Daily Mail, alors qu’elle a 95 ans : « Bien sûr que j’avais peur. Si la nourriture avait été empoisonnée, je ne serais pas là aujourd’hui. Nous avons été obligés de la manger, nous n’avions pas le choix. » Celle qui a été enrôlée de force à cette mission décrit alors ce qui se retrouve dans l’assiette du dictateur : « Tout était végétarien, des produits frais et délicieux, des asperges aux poivrons et aux petits pois, servis avec du riz et des salades. Tout était disposé sur une assiette, exactement comme on le lui avait servi. » Pas de viande ni de poisson donc.
Le Führer s’autorise quelques écarts
Dans le recueil Libres propos d’Adolf Hitler, une série de monologues de Hitler retranscrits par plusieurs de ses proches, il laisse entendre qu’il croit que le végétarisme serait même l’avenir de notre civilisation : « On peut regretter de vivre à une époque où il est impossible de se faire une idée de la forme que prendra le monde du futur. Mais il y a une chose que je peux prédire aux mangeurs de viande : le monde du futur sera végétarien. »
Mais il semble qu’Adolf Hitler se laisse parfois aller. Dione Luca, chef d’un restaurant dans un hôtel à Hambourg fréquenté par Hitler avant la guerre, assure, par exemple, que le pigeonneau farci est l’un de ses plats préférés. Dans ses Mémoires, Rochus Misch, garde du corps de Hitler à partir de 1940, déclare que lors d’un voyage en train en 1941, il « a vu Hitler manger de la viande pour la seule fois au cours des cinq années où j’étais avec lui ».
Le débat est clos en 2017. Il y a sept ans, une équipe de scientifiques français examine des ossements de Hitler. La conclusion ? Les dépôts de tartre trouvés sur les dents et les prothèses dentaires du Führer n’ont révélé aucune trace de fibre de viande.
Des obsessions « darwinistes et racistes »
Bref, Hitler était un végétarien, ou plutôt flexitarien. Mais alors pourquoi ? Johann Chapoutot, dans un article sur le sujet, estime que cette habitude alimentaire serait liée à sa santé, ou plutôt au fait que c’est un grand hypocondriaque. « Hitler était en outre incommodé par des inflammations du côlon et une aérophagie persistante que, en grand hypocondriaque, il attribuait volontiers à un cancer. Le changement d’alimentation lui serait apparu comme la cure idoine. »
« Mais ce sont surtout les obsessions darwinistes et racistes de Hitler qui prévalent. Sa secrétaire Christa Schroeder, dans ses Mémoires, rapporte ses considérations sur la force des herbivores et la faiblesse des carnivores : un éléphant ou un cheval sont des animaux puissants, tandis que le chien, qui ne se nourrit que de viande, est épuisé après un bref effort. Ergo, mangeons de l’herbe ! » ajoute l’historien.
Plus largement, il y a un large soutien au bien-être animal dans l’Allemagne nazie. Les lois allemandes actuelles sur le bien-être animal ont été initialement introduites par les nazis. Hitler était, semble-t-il, préoccupé par la protection des animaux.
À table, lors de réceptions, il avait l’habitude de raconter des histoires sordides d’abattage d’animaux pour dégoûter ses hôtes carnivores. Selon lui, les animaux étaient « vertueux » et « innocents ». Les humains, en revanche, n’avaient le droit, eux, qu’à sa haine raciste et antisémite.