Guide de survie libérale pour éviter les débats en famille : Noël
Noël, c’est le moment des retrouvailles en famille, mais aussi des débats sans fin avec votre oncle du bout de la table. Celui qui pense que le libéralisme, c’est juste « donner aux riches et laisser crever les autres », « lâcher le renard libre dans le poulailler libre », et qui perçoit le marché comme une jungle où régnerait la loi du plus fort. Si cette année vous vous sentez prêt à défendre une autre vision du monde, voici un guide pour expliquer le libéralisme à ceux qui le détestent… sans rien y connaître évidemment. C’est aussi l’occasion de relire les meilleurs articles du Point sur ces sujets… Alors, prêt à passer à table ?
Échauffez-vous avec une idée : « Le libéralisme, c’est la liberté »
À peine avez-vous entamé l’apéritif, que votre oncle donne le premier coup : « Alors ton libéralisme, c’est laisser tout le monde faire n’importe quoi ! » Proposez alors de le resservir avant de répliquer : « Pas exactement, tonton. Le libéralisme, c’est avant tout l’idée que chacun doit pouvoir faire ses choix : sa religion, son métier, ce qu’il achète, ce qu’il pense, ce qu’il dit, où il vit, etc. Mais ça ne veut pas dire faire tout et n’importe quoi : ta liberté s’arrête là où commence celle des autres. »
Poursuivez en tordant le cou à quelques lieux communs : l’État n’est pas un ennemi (mais doit apprendre à se mêler de ce qui le regarde)
En se resservant du vin rouge, votre oncle pourrait dire : « Ah, ton truc, c’est supprimer l’État, tout privatiser, hein ? » Et vous de répondre : « Pas du tout ! Le libéralisme, ce n’est pas virer l’État, c’est juste éviter qu’il fasse tout à notre place. Par exemple, aujourd’hui la France est le pays le plus fiscalisé au monde, l’État dépense presque 60 % du PIB, et dirais-tu que tout fonctionne pour le mieux ? Non. L’hôpital et l’école sont en crise, les services publics sont inefficaces et on n’a jamais autant dépensé pour eux dans l’histoire ! Si c’était une entreprise privée, l’État aurait déjà fait faillite depuis longtemps ! Qu’il se concentre sur l’essentiel, comme la sécurité ou la justice, et laisse le reste aux gens qui savent mieux faire et gérer. »
Anticipez les accusations sur la solidarité
En reprenant un peu de fromage, votre oncle pourra vous dire : « Ton libéralisme, c’est l’égoïsme. Chacun pour soi et tant pis pour les pauvres ! » Vous pourrez lui répondre : « Mais non, tonton. Le libéralisme, ce n’est pas être contre la solidarité, c’est dire qu’elle marche mieux quand elle est choisie, pas imposée. Regarde, les gens donnent spontanément pour les Restos du Cœur ou au Téléthon. Est-ce qu’ils ont besoin qu’on les force ? Non. » Enfin, n’oubliez pas que l’argent ne pousse pas dans les arbres et que ce que l’État vous donne d’une main, il le reprend de l’autre. D’accord pour un filet social pour tout le monde, mais pas un hamac qui favorise la dépendance des uns sur le dos des autres. Assommer les gens de paperasses et d’impôts, cela ne marche tout simplement pas pour résoudre les problèmes sociaux.
Lancez-vous : « Vive le libre-échange ! »
Au moment de faire circuler la boîte de marrons glacés, votre oncle pourrait sortir : « Ton libre-échange, c’est juste pour qu’on achète des trucs à l’étranger pendant que nos agriculteurs crèvent, c’est ça ? » « Pas du tout, tonton. Le libre-échange, c’est gagnant-gagnant. Pour les consommateurs comme toi, ça signifie plus de choix, de meilleurs produits, et souvent des prix plus abordables. Mais pour les producteurs, c’est aussi l’opportunité de trouver des matières premières moins chères et vendre leurs produits dans des pays où il y a de la demande. Par exemple, un vigneron français peut exporter ses bouteilles en Chine, où elles sont très prisées, et en retour acheter des équipements agricoles moins chers venant d’Italie ou d’Allemagne. » Et vous d’ajouter : « Tiens tonton, dis-moi d’où provient le saumon que tu es en train de manger ? » Avec cet exemple, votre oncle comprendra peut-être que le libre-échange, c’est aussi ce qui permet à nos agriculteurs et pêcheurs de vivre mieux tout en continuant à garnir sa table de leurs produits.
Évoquez la réussite de l’Argentine
Au moment du digestif, tonton sortira son meilleur argument : « L’ultralibéralisme crée des inégalités et de la pauvreté, la preuve en Argentine. » En réalité, le libéralisme a été peu mis en œuvre dans le monde. Lorsque c’est le cas, les pauvres vivent mieux, et le pays s’enrichit dans son ensemble. Il y a un lien direct entre le niveau de liberté économique et d’indicateurs comme le bonheur, la richesse ou la prospérité. Les résultats de Javier Milei en Argentine en sont un exemple : en seulement six mois, le taux de pauvreté est passé de 55 % à 39 %, selon le ministère du Capital humain. Tout cela avec 50 % d’approbation de l’opinion publique après un an d’action.
Terminez sur une note légère pour le dessert : la liberté de choisir
« Tonton, le libéralisme, ce n’est pas un truc de technocrates ou de riches. C’est juste une manière de dire : faisons confiance aux gens, arrêtons de les materner. Et puis regarde, toi, dans ta vie, tu préfères qu’on t’impose ou qu’on te laisse décider ? Voilà, c’est ça, le libéralisme. »
Avec ce guide, vous pourrez expliquer simplement le libéralisme sans vous perdre dans des discours compliqués. Et qui sait, peut-être que votre oncle repartira avec une autre vision du sujet… ou au moins avec une bûche bien entamée. * Kevin Brookes est enseignant à l’Université catholique de Lille ; Grégory Lenne est économiste et philosophe ; Louise Baroin est étudiante à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et Audencia.