Le gel des crédits de l’éducation nationale : avertissement politique de Nicole Belloubet
Lors de sa conférence de presse, mardi, la ministre démissionnaire de l’éducation nationale a prévenu que le projet budgétaire adressé par Matignon à son ministère pour 2025 « ne répondait pas à l’ensemble des besoins ».
Nicole Belloubet a averti que ses propos sur le futur budget de l’éducation nationale ne pouvaient être qu’hésitants, mais le message est clair. Selon elle, le projet budgétaire adressé par Matignon pour 2025 « ne répond pas à l’ensemble des besoins » du plus gros portefeuille de l’État. Cette déclaration a été faite lors de la conférence de presse de rentrée, malgré la situation politique actuelle.
Tous les ministères, y compris l’éducation nationale, ont reçu les « lettres plafonds » envoyées par Gabriel Attal, premier ministre lui aussi démissionnaire, le 20 août. Ces lettres fixent les futurs crédits de paiement et les plafonds d’emploi. Dans un contexte général de gel des crédits, ni Matignon ni la Rue de Grenelle n’ont souhaité communiquer les détails des arbitrages pour l’éducation nationale, qui dispose de 63,6 milliards d’euros dans la loi de finances initiale pour 2024.
Selon l’entourage de Gabriel Attal, l’enveloppe prévoit une hausse de 900 millions d’euros « par rapport au budget final de 2024 », dont le montant initial a été amputé de près de 700 millions d’euros en février. De son côté, Nicole Belloubet affirme que le budget 2024 de la Rue de Grenelle a été « reconduit en valeur » pour 2025.
« Ces plafonds nous contraindraient à une particulière rigueur budgétaire », a prévenu Mme Belloubet, mardi. Le budget de l’éducation nationale, presque entièrement consacré à des dépenses de personnels, croît naturellement chaque année en raison du vieillissement des 1,2 million d’agents du ministère et de leur avancement de carrière.
Les plafonds décidés par le gouvernement démissionnaire ne sont que provisoires, en attendant la nomination d’un exécutif de plein exercice qui sera légitime pour travailler sur un budget pour 2025 et établir ses orientations et priorités financières.
« La cohérence voudrait que le budget de l’éducation nationale soit au minimum sanctuarisé. Le prochain gouvernement devra y être très attentif s’il souhaite maintenir une réelle ambition pour cette priorité nationale », a déclaré Nicole Belloubet, exhortant à « ne jamais oublier qu’un euro dépensé pour l’éducation est un investissement pour l’avenir de la nation ».
Cette prise de position tranche avec la discrétion dont a fait preuve l’ancienne rectrice sur les questions financières depuis son arrivée à la Rue de Grenelle, alors même que les 683 millions d’euros retranchés en février à l’éducation nationale par Bercy dans le cadre du plan de 10 milliards d’euros d’économies pour 2024 ont été source de nombreuses tensions.