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La fermeture imminente d’une mosquée accusée de légitimer la violence à Marseille

Pour l’instant, ce n’est qu’un avertissement. Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a notifié mardi à la mosquée des Bleuets à Marseille son intention de la fermer, estimant que des « propos légitimant la violence » y sont tenus depuis des années. « A la demande de M. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a lancé aujourd’hui une procédure de fermeture de la mosquée des Bleuets » située dans le 13e arrondissement (nord de Marseille), a précisé la préfecture de police dans un communiqué.

Cette mosquée où prêche l’imam français Ismail (Smaïn Bendjilali), qui conteste les accusations portées contre lui, a dix jours pour répondre pour tenter d’éviter une fermeture. L’imam a indiqué qu’il comptait contester cette procédure devant la justice administrative. Quelque 300 à 350 fidèles fréquentent cette mosquée le vendredi, selon les autorités, qui soulignent la forte présence de cet imam sur les réseaux sociaux.

Des « prêches légitimant le viol conjugal »

Depuis 2017 et jusqu’en août 2024, l’ensemble des propos tenus dans cette mosquée, et notamment par l’imam Bendjilali, me conduit à considérer que le maintien en activité présente des risques », a expliqué le préfet de police Pierre-Edouard Colliex. « L’imam principal de cette mosquée y défend une vision fondamentaliste légitimant le recours à la violence », précise la préfecture. Le religieux est aussi accusé par les services du ministère de l’Intérieur de tenir « un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes, notamment par des prêches légitimant le viol conjugal ou la polygamie », poursuit-elle.

« La question, ce n’est pas que dans un texte écrit il y a mille ans, il y ait des textes forcément datés. Le problème, c’est de postuler sur les réseaux sociaux en 2020 que le viol conjugal est légitime. C’est ça le problème, pas des textes anciens », a insisté M. Colliex, alors que des passages de textes sacrés de diverses religions sur la place des femmes suscitent des polémiques.

Le préfet de police reproche aussi à cette mosquée d’accueillir des prédicateurs légitimant l’attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Mourad Hamza, de la mouvance des Frères musulmans, aurait ainsi en octobre 2023 qualifié « l’attaque terroriste du 7 octobre de “révolte” et de “châtiment divin infligé aux juifs », a affirmé M. Colliex. « On est clairement dans la légitimation d’une attaque terroriste. » La lettre remise à un représentant de la mosquée liste tous ces points.

« Darmanin veut séduire un électorat d’extrême droite »

Lundi soir, l’imam Ismail, annonçant qu’il avait été perquisitionné (une « visite domiciliaire » autorisée par un juge, selon la préfecture de police), avait dénoncé sur Instagram un « ramassis de mensonges » et une « tentative d’intimidation ». « Quand on fait une invocation pour Gaza, on est accusé d’être antijuif, mais on n’est pas antijuifs, on est anti-injustice », s’est-il défendu. Et s’il reconnaît faire référence au Coran, y compris sur la question de la femme, « chacun est libre de faire ce qu’il veut », insiste-t-il.

« Je ne me reconnais pas dans les mots employés par le ministère comme fondamentaliste », a-t-il réagi mardi, estimant que « Gérald Darmanin veut séduire un électorat d’extrême droite en vue d’être candidat à la présidentielle », avec un « acharnement » contre les mosquées. Cet imam soutient son homologue de Pessac (Gironde), Abdourahmane Ridouane, un Nigérien accusé par le ministère de l’Intérieur de diffuser « une idéologie hostile aux valeurs de la République française » et menacé d’expulsion. En 2022, le Conseil d’Etat avait invalidé une décision de fermeture de la mosquée de Pessac, pour « atteinte à la liberté de culte ».

Les réactions à la fermeture imminente de la mosquée

La décision du préfet de police des Bouches-du-Rhône de vouloir fermer la mosquée des Bleuets à Marseille a suscité de vives réactions au sein de la communauté musulmane et au-delà. De nombreux fidèles de la mosquée se sont exprimés pour défendre l’imam Ismail et contester les accusations portées contre lui.

Certains membres de la communauté musulmane estiment que cette décision de fermeture est une atteinte à la liberté de culte et une stigmatisation de l’islam. Ils soulignent que l’imam Ismail est un religieux respecté au sein de la communauté et qu’il n’a jamais prêché la violence ou la haine. Pour eux, cette affaire est une manipulation politique visant à discréditer les mosquées et les imams en France.

D’autres voix se sont élevées pour soutenir la décision du préfet de police, affirmant que les propos tenus par l’imam Ismail sont inacceptables et dangereux. Ils estiment que la fermeture de la mosquée est nécessaire pour protéger la société contre toute forme d’incitation à la violence et à la haine.

Les enjeux de la fermeture de la mosquée des Bleuets

La fermeture imminente de la mosquée des Bleuets à Marseille soulève de nombreux enjeux sociaux, politiques et religieux. Cette affaire met en lumière les tensions existantes autour de la place de l’islam en France et la question de la radicalisation religieuse.

Sur le plan politique, cette décision intervient dans un contexte de montée des discours nationalistes et anti-islam en France. La volonté du gouvernement de lutter contre l’extrémisme religieux et de renforcer le contrôle des lieux de culte musulmans est perçue par certains comme une forme de discrimination envers la communauté musulmane.

Sur le plan religieux, cette affaire soulève des questions sur l’interprétation des textes sacrés et la légitimité des discours religieux. Les accusations portées contre l’imam Ismail mettent en lumière les divergences d’interprétation au sein de l’islam et la nécessité de promouvoir un discours religieux modéré et inclusif.

Les implications de la fermeture de la mosquée pour la communauté musulmane

La fermeture imminente de la mosquée des Bleuets à Marseille a des implications majeures pour la communauté musulmane en France. Cette décision risque de renforcer les sentiments de stigmatisation et de marginalisation des musulmans dans la société française.

Pour de nombreux fidèles de la mosquée, la fermeture de ce lieu de culte représente une atteinte à leur liberté de pratiquer leur religion dans la dignité et le respect. Certains craignent que cette affaire ne conduise à une stigmatisation accrue des musulmans en France et à une montée des tensions intercommunautaires.

Cette affaire met également en lumière la nécessité de promouvoir un dialogue constructif entre les autorités publiques et les représentants de la communauté musulmane. Il est essentiel de trouver des solutions concertées pour lutter contre l’extrémisme religieux tout en respectant les droits et les libertés fondamentales de tous les citoyens.

En conclusion, la fermeture imminente de la mosquée des Bleuets à Marseille suscite de vives réactions et soulève des enjeux importants pour la communauté musulmane en France. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la lutte contre l’extrémisme religieux et le respect des droits et des libertés de tous les citoyens, quelle que soit leur religion.