Emmanuel Macron teste l’hypothèse de Xavier Bertrand à Matignon
Après avoir échangé avec des responsables de LR, le chef de l’État a prévu de nouvelles discussions avec « les autres groupes politiques et partis » dans la journée, a annoncé l’Elysée. Le RN assure au « Monde » qu’il censurera la nomination de Xavier Bertrand, ainsi que celles de Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet.
Contexte
Changement de ligne au Rassemblement national (RN) ou divergence à la tête du parti ? Xavier Bertrand ? Bernard Cazeneuve ? Thierry Beaudet ? L’entourage du président du mouvement d’extrême droite, Jordan Bardella, assure au Monde que les députés frontistes censureraient automatiquement chacun de ces trois hommes en cas de nomination à Matignon. Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France ? « Il est insultant et outrancier envers le RN », justifie la direction du RN. Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre de François Hollande ? « Marine Le Pen s’est exprimée sur le sujet en disant “pas de gouvernement de gauche”. » Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? « Il a pris position contre le RN, contre la loi immigration. » La consigne n’a vraisemblablement pas essaimé dans les troupes du parti. Interrogé mardi matin sur RMC, le député de Moselle (et porte-parole du RN), Laurent Jacobelli, a affirmé qu’étant « pragmatique » et « pas là pour secouer les institutions », son groupe laisserait Thierry Beaudet s’exprimer et le censurerait s’il promettait « plus d’immigration et plus d’impôts ». Depuis 2022, le RN s’est en effet toujours refusé à censurer a priori tout premier ministre, avant son discours de politique générale. Une ligne que Marine Le Pen a toujours défendu pour son souci du « respect des institutions » et sa stratégie de notabilisation à l’Assemblée nationale. Si la députée du Pas-de-Calais s’était opposée le 26 août, à l’issue de son entretien avec Emmanuel Macron, à tout premier ministre issu du Nouveau front populaire (NFP), jamais elle ne s’est prononcée aussi fermement sur d’autres noms que ne le fait ce mardi son propre parti. Sollicitée par Le Monde sur ces revirements, la présidente du groupe n’a pas répondu.
Le groupe UDR à l’Assemblée nationale censurera tout gouvernement qui aurait à sa tête Xavier Bertrand, annonce Eric Ciotti
« Le groupe UDR [Union des droites pour la République] à l’Assemblée nationale censurera évidemment tout gouvernement qui aurait à sa tête Xavier Bertrand [Les Républicains, LR] », a réagi, mardi sur le réseau social X, Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et président contesté du parti de droite LR après son alliance avec le Rassemblement national. Lors de sa rentrée politique, le 31 août, Eric Ciotti a annoncé vouloir transformer LR en UDR. De nouveaux échanges entre Emmanuel Macron et « les autres groupes politiques et partis » sont prévus mardi Après avoir discuté mardi matin avec les leaders de la droite, le chef de l’État a prévu de nouveaux échanges avec « les autres groupes politiques et partis » dans la journée, a fait savoir l’Elysée.
« Les représentants du NFP ont eu beau estimer que la victoire leur avait été volée (…), ils n’ont pu tordre la réalité »
Si la gauche unie avait voulu imposer ses conditions à Emmanuel Macron, elle aurait dû agir vite et fort dès le lendemain des élections législatives. La procrastination du chef de l’État, sa difficulté à reconnaître sa défaite, la prolongation au-delà du raisonnable d’un gouvernement démissionnaire ouvraient au Nouveau Front populaire (NFP) la possibilité d’une nouvelle offensive axée sur la dénonciation du « déni de démocratie ». La riposte commune a cependant été introuvable, tandis que les failles se sont creusées au sein de l’alliance, estime, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde.
Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau convoquent des réunions mardi Alors que le nom de Xavier Bertrand (Les Républicains, LR) circule de nouveau pour devenir premier ministre, le président du groupe la Droite républicaine à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a convoqué une réunion du groupe à 11 h 30 pour revenir avec les députés de droite sur son entretien téléphonique avec Emmanuel Macron et évoquer l’option Bertrand. Selon nos informations, leurs collègues sénateurs se réuniront eux aussi à 14 h 30 en visioconférence à l’initiative de leur chef de groupe, Bruno Retailleau, qui s’est lui aussi entretenu ce matin avec le président de la République. Alexandre Pedro
Bonjour WaitAndSee, Selon la Constitution, la politique intérieure du pays est clairement confiée aux membres du gouvernement. En cas de cohabitation, le président de la République dispose d’un rôle plus secondaire. Mais c’est le seul à pouvoir signer les décrets et les ordonnances en conseil des ministres. Il bénéficie de ce fait d’un pouvoir de nuisance face à un gouvernement d’opposition. Toutefois, ses pouvoirs propres sont encadrés, et c’est notamment lui qui nomme le premier ministre de son choix (qui doit cependant avoir la confiance de l’Assemblée), préside le conseil des ministres (mais perd son influence auprès d’eux), dispose du pouvoir de nommer les fonctionnaires civils et militaires de l’État ou peut dissoudre l’Assemblée nationale (à raison d’une fois par an). Il peut aussi s’arroger des pouvoirs exceptionnels en cas de menace « grave et immédiate » sur les institutions, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements internationaux. En matière de politique étrangère, la Constitution prévoit que le président négocie et ratifie les traités internationaux et accrédite les ambassadeurs. Une ambiguïté persiste sur la question de la défense, puisque la Constitution fait du président le « chef des armées », celui qui « préside les conseils et les comités supérieurs de la défense nationale », tout en qualifiant le premier ministre de « responsable de la défense nationale » et en prévoyant que le gouvernement « dispose de l’administration et de la force armée ». Cette ambiguïté oblige le premier ministre et le président à une certaine entente, notamment sur le nom du locataire du Quai d’Orsay. Lire aussi | Combien de temps un État peut-il tenir sans gouvernement ? Emmanuel Macron a discuté avec les dirigeants de la droite d’une nomination de Xavier Bertrand à Matignon Le chef de l’État a poursuivi ses consultations par téléphone, mardi matin, auprès de dirigeants de la droite parlementaire – Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau – à propos d’une nomination de Xavier Bertrand (Les Républicains, LR) à Matignon, a appris Le Monde, confirmant une information du Parisien. Les dirigeants de la droite ont toutefois posé deux conditions au chef de l’État : « Qu’il fasse un tour de piste pour s’assurer que la nomination de M. Bertrand n’ait pas une majorité de censure contre elle [et] qu’il reprenne le pacte législatif présenté par LR », ont précisé des sources LR à l’Agence France-Presse. L’Élysée a confirmé ces entretiens en précisant au Monde qu’Emmanuel Macron continuait « à tester » les hypothèses Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve auprès des groupes, sans préciser si la nomination de M. Bertrand était privilégiée. Lire aussi | « Les recettes ont diminué, c’est ça le principal problème », estime Eric Coquerel au sujet du déficit public Selon le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, (La France insoumise), destinataire des documents budgétaires transmis lundi par Bercy à des parlementaires, le déficit public pourrait atteindre 5,6 % du PIB cette année au lieu de 5,1 % espérés, et se creuserait à 6,2 % du PIB en 2025 – au lieu de 4,1 % – si 60 milliards d’économies n’étaient pas réalisées. Même avec 30 milliards d’euros d’économies, le déficit public stagnerait encore à 5,2 % du PIB l’an prochain, a pu lire M. Coquerel. Le déficit public est le solde des comptes de l’État, de la sécurité sociale et des collectivités locales. « Les recettes ont diminué, c’est ça le principal problème », a analysé M. Coquerel mardi sur BFM Business. « À partir de là, il y a deux politiques », a-t-il poursuivi : la taxation « des revenus du capital des plus riches » et l’augmentation des salaires, « pour qu’il y ait plus de cotisations qui rentrent » dans les caisses de l’État et de la Sécurité sociale. Selon M. Coquerel, en tenant compte de l’inflation et de la fin naturelle de certains programmes, ce projet de budget – que le prochain exécutif pourra modifier à sa guise, mais dans des délais très contraints – « constitue une baisse de 15 milliards d’euros par rapport à la loi de finances adoptée en 2024 ». S’y ajouteraient 5 milliards d’économies dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, soit 20 milliards au total. Lire aussi | Bonjour Le J, Effectivement, les institutions n’imposent aucun calendrier pour former un gouvernement. Nul ne sait quand le président Emmanuel Macron nommera un nouveau premier ministre. Toutefois, « cela pose un vrai problème démocratique », estime Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas, puisqu’un gouvernement chargé des affaires courantes ne peut pas être renversé par l’Assemblée nationale, sa démission étant déjà actée. En faisant durer une telle situation, le président de la République sera face à une pression politique forte. Les Français, qui se sont massivement exprimés lors des élections législatives, pourraient s’impatienter. Lire aussi | Le nom de la personnalité qui ira à Matignon aura été le feuilleton politique de l’été, et il n’a toujours pas connu de dénouement Voilà huit semaines que rien n’a changé, ou presque. Depuis le lendemain des élections législatives, Emmanuel Macron tarde à désigner un premier ministre. Ce ne sera en tout cas pas Lucie Castets, la candidate désignée – non sans difficultés – par le Nouveau Front populaire, arrivé en tête à l’Assemblée avec une légère avance qui ne lui assure pas de majorité absolue dans l’Hémicycle. Emmanuel Macron a refusé son nom, promis par les autres partis politiques à une censure immédiate. Depuis ce rejet, aucune solution ne se dégage, aucune personnalité ne se révèle susceptible de rassembler une majorité derrière elle. Et des noms circulent comme autant de ballons d’essai : Bernard Cazeneuve, l’ancien premier ministre de François Hollande, ou encore Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Bonjour Semper, Seul le président de la République est compétent pour nommer le premier ministre, ce n’est pas une prérogative de l’Assemblée nationale. La logique veut qu’il nomme le chef du gouvernement dans le groupe parlementaire le plus étoffé au Palais-Bourbon. Comme nous l’expliquait Julien Boudon, professeur de droit public et spécialiste de la Constitution, dans notre régime, « le chef de l’État n’a aucune obligation juridique, c’est la logique politique qui prévaut. La seule règle qui contraint son action est que le gouvernement doit pouvoir se maintenir : il ne doit pas faire l’objet d’une motion de censure qui serait adoptée contre lui par les députés, et il ne doit pas se voir refuser la confiance de l’Assemblée nationale, s’il la demande. Sinon, dans les deux cas, il devra démissionner ». Lire aussi | Toucher à la réforme des retraites est « une ligne rouge » pour les macronistes, assure Sylvain Maillard La remise en cause de la réforme des retraites à 64 ans est une « ligne rouge » pour les macronistes, selon le député (Ensemble, Paris) Sylvain Maillard, alors que cette question est un des points-clés pour la formation d’un nouveau gouvernement. « Nous l’avons toujours dit, c’est une ligne rouge pour nous et c’est pas un plaisir de le faire (…), on n’a pas d’autre chemin que de faire en sorte de travailler un peu plus », a assuré l’ancien président du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale sur Franceinfo. « C’est pas de gaieté de cœur, c’est qu’il n’y a pas le choix. Qui voudrait faire autrement emmène la France et l’économie de la France dans le mur », a ajouté le député de Paris.
Pour Eric Ciotti, « l’urgence, c’est de rétablir l’ordre dans la rue et l’ordre dans les comptes »
Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et président contesté du parti de droite Les Républicains (LR) après son alliance avec le Rassemblement national (RN), a expliqué, mardi sur CNews, ne pas croire à la « nomination à Matignon » de Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Selon lui, le CESE est « un machin qui ne sert à rien ». « L’urgence, c’est de rétablir l’ordre dans la rue et l’ordre dans les comptes », a par ailleurs ajouté Eric Ciotti.
Thierry Beaudet « serait l’outil d’Emmanuel Macron pour contourner le choix des Français », estime Sébastien Chenu
Le député du Nord Sébastien Chenu (Rassemblement national, RN) a estimé, mardi sur RTL, que la nomination du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Thierry Beaudet, comme premier ministre « serait l’outil d’Emmanuel Macron pour contourner le choix des Français ». « Le CESE est un outil totalement inutile qui coûte 47 millions d’euros aux Français chaque année. Thierry Beaudet est à la tête d’un organisme inutile », a-t-il ajouté.
Bonjour, dans l’entourage du président, aucune information n’a filtré sur les personnalités qui pourraient encore être reçues à l’Elysée ou consultées. Une annonce de nomination aujourd’hui n’est pas non plus garantie.
Plusieurs consultations lundi, sans annonce pour le moment
Au lendemain de plusieurs rencontres organisées par Emmanuel Macron à l’Elysée – notamment avec l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve et le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (Les Républicains) – et tandis que le nom d’un profil plus technique a émergé, celui de Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, aucune décision ne semble avoir été prise à l’heure actuelle pour la nomination d’un premier ministre.
Bonjour et bienvenue dans ce direct
Bienvenue dans ce direct consacré à la situation politique en France. Près de deux mois après le second tour des élections législatives, la nomination par Emmanuel Macron d’un premier ministre ou d’une première ministre est toujours attendue.
Le contexte
Live animé par Solène L’Hénoret
Image de couverture : Xavier Bertrand, membre du parti Les Républicains (LR) et président du conseil régional des Hauts-de-France, quitte la salle après une conférence de presse du Conseil stratégique du parti avant les élections législatives françaises, à Paris, le 7 juin 2022. STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP
Emmanuel Macron a reçu lundi Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, deux noms cités régulièrement pour briguer Matignon. Mais c’est un troisième nom, plus inattendu, qui a émergé comme possible premier ministre : le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Thierry Beaudet, inconnu du grand public. Emmanuel Macron a déjà échangé avec M