Les discussions cruciales à Doha pour une trêve à Gaza se poursuivent
Les États-Unis ont salué jeudi le « début prometteur » des discussions à Doha en vue d’une trêve dans la bande de Gaza, la pression s’intensifiant pour éviter une extension de la guerre qui a fait selon le Hamas plus de 40 000 morts dans ce territoire palestinien. Les pourparlers doivent se poursuivre vendredi, a dit une source proche des discussions au 11e mois de ce conflit dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne a annoncé avoir « éliminé plus de 17 000 terroristes » depuis le 7 octobre 2023.
Après des mois de pourparlers infructueux, les nouvelles discussions se déroulent, à l’appel des médiateurs – Qatar, États-Unis et Égypte – pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu dans cette guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre. Le directeur de la CIA William Burns et les chefs des services de renseignements extérieurs (Mossad) et intérieurs (Shin Beth) israéliens y ont pris part. Le Hamas n’y a pas participé.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a quant à lui évoqué un « début prometteur » mais souligné qu’il restait « beaucoup de travail à faire ». Les obstacles « peuvent être surmontés et nous devons parvenir à une solution », a-t-il ajouté. « Nous les avons toujours ».
Joe Biden a estimé qu’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pourrait permettre d’éviter une attaque de l’Iran qui a menacé Israël d’un « châtiment sévère » en riposte à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet. « Je ne peux pas dire là que quelque chose les a fait changer d’avis », a confié John Kirby à propos d’une éventuelle riposte iranienne. « Il y a quelques jours, nous avions des informations » selon lesquelles « une attaque pourrait venir dans les jours à venir » et « nous les avons toujours ».
Le risque d’une escalade militaire a redoublé après l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du mouvement libanais Hezbollah, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth. Outre l’Iran, ses alliés – le Hamas, le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis – ont menacé d’y riposter.
Les discussions de Doha sont « cruciales pour la stabilité mondiale », a estimé le chef de la diplomatie britannique David Lammy. Son homologue français Stéphane Séjourné a jugé « nécessaire » un cessez-le-feu dan la bande de Gaza pour garantir la paix au Moyen-Orient.
Les pourparlers de Doha se basent sur un plan annoncé le 31 mai par le président américain qui prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Gaza et de la libération d’otages – emmenés dans ce territoire au moment de l’attaque du 7 octobre – en échange de celle de prisonniers palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a plusieurs fois répété qu’il continuerait la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Ce mouvement palestinien a dit son refus de participer à de nouvelles discussions et réclamé l’application du plan annoncé par M. Biden.
Dans la soirée, un responsable du Hamas, Oussama Hamdane, a déclaré à l’AFP que le mouvement avait informé les médiateurs à Doha de sa position. Si les discussions visent « à fixer un calendrier pour mettre en oeuvre ce qui a été présenté et accepté par le Hamas, alors nous y participerons », a-t-il expliqué. « Si les médiateurs parviennent à forcer (Israël) à accepter cela, nous participerons (aux discussions). Mais, jusqu’à présent, il n’y a rien de nouveau ».
« Tout accord doit aboutir à un cessez-le-feu global, à un retrait (israélien) complet de Gaza, (et) au retour des personnes déplacées », a à cet égard réaffirmé, également jeudi soir, à Doha, un haut responsable du Hamas, Hossam Badran.
Un enfant palestinien à bord d’un bus à l’hôpital Al-Nasser à Khan Younès le 15 août 2024, après que les autorités israéliennes ont autorisé 11 enfants souffrant de cancer à quitter Gaza afin de recevoir un traitement en Jordanie / Bashar TALEB / AFP Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés à partir de la bande de Gaza dans le sud d’Israël ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1 198 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues dans ce territoire palestinien, dont 39 déclarées mortes par l’armée.
En riposte, l’armée israélienne a déclenché des bombardements aériens intenses puis une offensive terrestre dans la bande de Gaza qui ont fait au moins 40 005 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne donne pas le détail du nombre des civils et des combattants tués. Outre des destructions colossales dans ce territoire palestinien assiégé par Israël, la guerre a entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants.
Commentant le bilan des morts palestiniens, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré : « la journée d’aujourd’hui marque une étape sombre pour le monde entier ». Jeudi, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza se sont poursuivis, faisant au moins six morts, d’après des secouristes.
À Tel-Aviv, des centaines d’Israéliens ont manifesté pour appeler leur gouvernement à conclure un accord qui permettrait la libération des otages. De son côté, le président israélien Isaac Herzog a « fermement condamné » une attaque jeudi soir de colons juifs contre un village palestinien de Cisjordanie occupée ayant fait un mort et un blessé grave, selon l’Autorité palestinienne, et qualifié ces violences de « pogrom ».