Michel Barnier face au défi du budget de l’UE
La France est confrontée à un défi financier majeur, avec un montant de 112 milliards d’euros d’économies à réaliser dans les prochaines années pour assainir ses finances publiques. Michel Barnier, qui s’apprête à entamer des discussions avec la Commission européenne d’Ursula von der Leyen, ne peut ignorer cette réalité. La nécessité de respecter le budget de l’UE est une priorité pour le nouveau Premier ministre français, qui a promis de dire la vérité aux Français, même lorsque les nouvelles sont difficiles à entendre.
Les recommandations du Conseil d’analyse économique
Pour comprendre l’ampleur du défi financier auquel la France est confrontée, il suffit de se pencher sur la dernière note du Conseil d’analyse économique (CAE), un think tank rattaché à Matignon. Selon cette note datant de juillet dernier, la France vit au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps. La Commission européenne a d’ailleurs placé la France en procédure de déficit excessif le 21 juin, et elle formulera des recommandations en novembre en fonction des propositions du gouvernement Barnier.
Une cure d’amaigrissement progressive
Les économistes du CAE, Adrien Auclert de l’université de Stanford, Thomas Philippon de l’université de New York et Xavier Ragot de l’OFCE, préconisent une cure d’amaigrissement progressive étalée sur sept à douze ans. L’objectif est de dégager un excédent primaire d’environ 1% du PIB, ce qui représente un défi de taille alors que le déficit primaire actuel frôle les 3,5% du PIB. Cependant, les délais proposés par le CAE ne sont pas compatibles avec la réforme du Semestre européen, qui exige un retour aux normes budgétaires dans un délai plus court.
Des mesures d’économies et de recettes
Pour respecter le budget de l’UE, le CAE propose de recentrer les aides à l’apprentissage sur les jeunes peu qualifiés, ce qui permettrait d’économiser 4 milliards d’euros. Il recommande également de cibler de manière plus précise les exonérations de cotisations employeurs (2 milliards d’euros) et de réformer le crédit impôt recherche (2,5 milliards d’euros). En ce qui concerne les recettes, la suppression des niches fiscales sur les droits de succession pourrait rapporter 9 milliards d’euros.
Des mesures impopulaires à envisager
Cependant, le CAE prévient que ces mesures ne seront pas suffisantes pour redresser les finances publiques. Il suggère notamment de remettre en question l’indexation des prestations sociales sur l’inflation, ce qui permettrait de réaliser des économies importantes mais au prix d’une baisse du pouvoir d’achat des plus fragiles. Michel Barnier devra donc prendre des décisions impopulaires, notamment en matière de réformes sociales, pour respecter le budget de l’UE.
Les défis à venir
La France doit agir rapidement pour éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle de l’Italie dans les années 1980. En effet, l’Italie a vu sa dette exploser, ce qui a entraîné une spirale infernale d’endettement et de difficultés économiques. Les experts du CAE mettent en garde contre le risque que la France suive le même chemin si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement.
Face à ces défis, le CAE appelle à une refonte de la gouvernance des finances publiques en France. Il est essentiel d’adopter une vision à long terme et de renforcer les pouvoirs du Haut Conseil des finances publiques pour assurer une gestion financière efficace et transparente. Michel Barnier doit donc faire preuve de courage et de détermination pour mettre en œuvre les réformes nécessaires et respecter le budget de l’UE dans les années à venir.