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Journée noire sur le plan social. Les entreprises Auchan et Michelin ont annoncé, mardi 5 novembre, des plans sociaux qui entraîneront la suppression de plusieurs milliers d’emplois en France, alors que l’exécutif insiste depuis plusieurs années sur la réindustrialisation du pays. Le distributeur nordiste Auchan a présenté à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2 389 emplois, via notamment la fermeture d’une dizaine de magasins, pour tenter de se relancer après plusieurs exercices compliqués. L’enseigne de la galaxie Mulliez a présenté aux représentants de ses plus de 53 000 salariés en France des projets de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) majeurs.

« Si les chiffres qui circulent se confirment, c’est le plus gros plan social qu’on n’a jamais connu chez Auchan », a lancé Christophe Delay, délégué national FO sur le parking devant l’hôtel, avant le début de la réunion. « C’est catastrophique. Ça va laisser beaucoup, beaucoup de salariés dans la difficulté, de familles. C’est choquant, scandaleux », s’est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail, après avoir pris connaissance du chiffre précis de suppressions de postes.

Auchan prévoit une cure d’amaigrissement à différents niveaux. D’abord, une mutualisation de fonctions supports entre différentes entités au sein de ses sièges, pour un total de 784 postes potentiellement concernés. Une organisation « plus agile et autonome » de son réseau de magasins, pour un possible total de 915 postes menacés, ensuite, de même que la fermeture de trois entrepôts assurant l’activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes. Fermeture des sites Michelin de Cholet et Vannes Enfin, la fermeture d’une petite dizaine de magasins, « dont les foyers de perte sont tels qu’on a dû mal à voir une issue à brève échéance », selon une source proche de la direction, pour un total de 466 postes menacés. Ils sont principalement situés dans trois hypermarchés à Clermont-Ferrand Nord, Woippy et Bar-le-Duc, et dans un supermarché, à Aurillac. Soit au total 2 389 postes menacés. La direction espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, formations de reconversion, congés de reclassement et plan de départs volontaires. Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de « drive » et 205 au sein des fonctions supports.

Michelin a de son côté annoncé la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes, qui emploient 1 254 salariés, mettant en cause « l’effondrement » des ventes des pneus pour camions et camionnettes.

À Vannes, « l’annonce, faite par la directrice, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup », a témoigné Éric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT. À Cholet, « ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et annoncé que c’était fini », a raconté à l’AFP Morgane Royer, salariée depuis « bientôt 10 ans » et déléguée syndicale SUD. « On a vu des collègues s’écrouler parce qu’ils étaient encore dans le déni. »

« Depuis des mois, on se posait des questions », a souligné Romain Déchenau, responsable syndical CFDT. « Il y a eu des investissements, des travaux. Ils nous ont donné de l’espoir, mais c’était de la poudre aux yeux. » Les salariés ont bloqué le site peu après les annonces de la direction, qui avait prévu de toute façon d’arrêter la production jusqu’au 13 novembre.

« Soit ils conservent nos emplois, soit ils nous payent jusqu’à notre retraite », a lancé au micro le secrétaire de la CGT, David Goubault. « Ils nous ont exploités pendant des années. Nous, nos parents pour certains, nos enfants pour d’autres. Il ne faut pas se contenter de ce qu’ils nous donnent. Ce n’est pas en rentrant chez nous et en étant moroses que ça va se discuter. Il va falloir commencer une lutte », a-t-il ajouté.

Le ministre demande un plan d’accompagnement « exemplaire » Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique. « C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré le PDG de Michelin, Florent Menegaux, dans un entretien avec l’AFP. Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans. Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a réagi en demandant « un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires ». Le Bibendum n’est pas le seul à tousser. Le fort ralentissement du marché automobile provoque de graves difficultés chez les équipementiers européens et les fermetures de sites s’enchaînent. Selon Michelin, ces fermetures sont devenues « inéluctables » en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, les secteurs des usines de Cholet et Vannes.