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Deux avions de chasse français se sont écrasés après être entrés en collision lors d’un exercice. Deux pilotes sont morts, un troisième a pu s’éjecter à temps. Ce genre d’accident est rarissime. Deux avions de chasse de l’Armée de l’Air française se sont écrasés à la mi-journée ce mercredi 14 août dans le secteur d’Autreville, à la limite entre les Vosges et la Meurthe-et-Moselle. Nombre de victimes, circonstances, précédents… Le Figaro fait le point sur ce drame.

Combien y a-t-il de victimes ?

Deux pilotes d’un des avions, un instructeur et son élève, sont morts. Leur décès a été annoncé par Emmanuel Macron mercredi au terme d’une vaste opération de recherches. «Nous apprenons avec tristesse les décès du capitaine Sébastien Mabire et du lieutenant Matthis Laurens, lors d’un accident aérien en mission d’entraînement en Rafale, a écrit le président de la République. La Nation partage la peine de leurs familles et frères d’armes de la Base aérienne 113 de Saint-Dizier.» Le troisième pilote, qui était aux commandes du second appareil a pu s’éjecter à temps : il est sain et sauf.

Que sait-on des causes de l’accident ?

Les deux avions, appartenant à la base aérienne 113 de Saint-Dizier (est) se sont percutés dans le ciel lorrain vers 12h30 «lors d’une manœuvre de combat», a précisé le ministère des Armées, ajoutant que la collision a eu lieu «au retour d’une mission de ravitaillement en Allemagne». Les appareils se sont écrasés à proximité de la commune de Colombey-les-Belles, dans le département de Meurthe-et-Moselle.

Le maire de la commune, Benjamin Voinot, qui a participé aux recherches, raconte que le pilote qui a pu s’éjecter a atterri en parachute près du stade de sa commune. La carcasse de son appareil, encore fumante, a été rapidement retrouvée dans une zone forestière. Alexis Valiton, un agriculteur âgé de 28 ans, a dit avoir vu le pilote sortir des nuages en parachute. «Sur un bon hectare, il y a des débris partout et en mille morceaux, de la tôle, du plastique, des espèces de gros fusibles, il y a de tout», a-t-il témoigné.

En revanche, il a fallu mobiliser un important dispositif pour retrouver l’équipage de l’autre appareil, celui dont les pilotes sont décédés. Les recherches ont mobilisé 200 gendarmes et plus de 50 pompiers, selon les autorités. L’épave du biplace a finalement été repérée «dans l’après-midi» sur la commune d’Harmonville (département des Vosges), à six kilomètres de Colombey-les-Belles, a indiqué le ministère. La zone de recherches avait été bloquée par les gendarmes et des drones ainsi que des hélicoptères avaient été employés pour retrouver l’appareil manquant, dans un secteur boisé dominé par une ligne à haute tension aux câbles apparaissant coupés.

«Les enquêtes de sécurité et judiciaires en cours détermineront les causes de cet accident», a indiqué le ministère des Armées. L’armée a précisé que les trois pilotes concernés étaient de nationalité française. L’incident est sans lien avec la formation des pilotes ukrainiens en France. Leur formation se déroule sur la base de Cazaux (Sud-Ouest) et uniquement sur des chasseurs Alpha-Jet.

Qui étaient les pilotes ?

Le binôme était composé du capitaine Sébastien Mabire, instructeur, et du lieutenant Matthis Laurens, son élève. Âgé de 36 ans, le capitaine Mabire était pilote de chasse depuis 2013. «Il a commencé sa carrière opérationnelle au sein du régiment de chasse 2/30 “Normandie-Niémen” avant d’être instructeur au sein de l’escadron de transformation Rafale 3/4 “Aquitaine”, depuis août 2022», a précisé l’Armée de l’Air.

L’escadron de transformation des Rafale «a pour mission principale la formation des pilotes et des navigateurs des forces armées françaises», précise l’Armée de l’Air. Ce pilote expérimenté comptabilisait plus de 2000 heures de vol et 47 missions de combat, réalisées dans le cadre de l’opération Chammal. De son côté, le lieutenant Matthis Laurens, 29 ans, avait été breveté pilote de chasse en 2021 et comptabilisait plus de 800 heures de vol.

«J’adresse mes sincères condoléances et tout mon soutien aux familles du capitaine Sébastien Mabire et du lieutenant Matthis Laurens, à leurs proches et à leurs frères d’armes, a déclaré Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Ce soir, la Nation tout entière est reconnaissante : jamais, nous ne les oublierons.» Ce dernier se rend ce jeudi à la base aérienne 113 de Saint-Dizier pour une visite hors presse.

Ces accidents sont-ils fréquents ?

Les accidents impliquant des Rafale sont rares. Le 7 décembre 2007, un Rafale non armé s’était écrasé près de Neuvic (Corrèze) après une chute en piqué de 4000 mètres. Il s’agissait alors du premier accident d’un Rafale. L’enquête avait conclu à un problème humain dû à un phénomène de «désorientation spatiale» du pilote. Et le 24 septembre 2009, un accident entre deux Rafale s’était produit alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre le porte-avions Charles-de-Gaulle, à l’issue d’un vol d’entraînement et d’un essai de catapultage à masse maximale. L’un des pilotes avait péri dans l’accident.

En revanche, par le passé, il est déjà arrivé que d’autres appareils militaires entrent en collision. L’année 1984 avait été particulièrement meurtrière avec pas moins de 19 morts dans ces circonstances, treize en novembre et six en avril. Le 10 avril, deux hélicoptères Gazelle du 3e Régiment d’hélicoptères de combat de la base d’Étain (Meuse) étaient entrés en collision à la fin d’un exercice de nuit. Sept mois plus tard, nouvelle collision entre deux Transall C-160 sur la base de Toulouse-Francazal.

Le 9 avril 1991, dix militaires avaient été tués dans la collision entre un Mirage 2000 de la base d’Istres et un hélicoptère Lynx de la Marine nationale au-dessus du massif de Sancy (Puy-de-Dôme). Plus récemment, le 2 février 2018, deux hélicoptères d’une école de l’armée de Terre s’étaient écrasés dans le Var, à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Tropez, après une collision en vol, faisant cinq morts.