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Les élections législatives en Jordanie ont récemment pris une tournure historique avec la victoire des islamistes, en particulier du Front d’action islamique (FAI), lors du scrutin du 10 septembre. Remportant 31 des 138 sièges de députés, le FAI a triplé son nombre de représentants parlementaires, marquant ainsi une avancée significative pour ce parti d’opposition et vitrine politique des Frères musulmans dans le pays. Cette victoire inattendue a suscité de nombreuses interrogations quant aux raisons qui ont conduit à ce résultat surprenant.

Les élections législatives en Jordanie se sont déroulées dans un contexte marqué par une économie locale en difficulté et des tensions régionales exacerbées par la guerre en cours à Gaza et les violences en Cisjordanie occupée. Ces événements ont eu un impact sur le pays, où environ la moitié de la population est d’origine palestinienne et a suivi de près les développements dans la région.

La campagne électorale des islamistes s’est notamment concentrée sur la question de la guerre à Gaza, attirant ainsi l’attention de nombreux électeurs. En multipliant les discours incendiaires contre l’État, en organisant des manifestations près des ambassades américaine et israélienne à Amman, et en appelant au soutien de la résistance palestinienne, le FAI a su mobiliser une partie de l’électorat en sa faveur.

Malgré leur succès aux élections, les islamistes ne détiennent pas la majorité au Parlement jordanien, qui reste dominé par des représentants des tribus locales, des notables et des partis loyaux à la monarchie. Cependant, cette victoire marque un tournant dans le paysage politique jordanien et soulève des questions sur l’avenir du royaume.

Les facteurs de la victoire des islamistes

Selon le politologue jordanien Omar al-Raddad, plusieurs facteurs ont contribué à la victoire des islamistes lors des élections législatives. D’une part, le processus électoral a été marqué par une nouvelle loi électorale visant à améliorer la représentativité politique en Jordanie. Cette loi a permis aux jeunes et aux femmes d’accéder plus facilement au Parlement, offrant ainsi une opportunité aux islamistes de présenter des candidats compétitifs.

D’autre part, la situation régionale, en particulier la guerre à Gaza, a joué un rôle décisif dans la mobilisation des électeurs en faveur des islamistes. En mettant en avant la question de Gaza dans leur campagne électorale, le FAI a su capter l’attention de l’électorat et se démarquer de ses concurrents, qui n’ont pas réussi à se positionner de manière aussi marquée sur cette thématique.

Les implications de la victoire des islamistes

Malgré leur succès aux élections, les islamistes ne sont pas en mesure de former un gouvernement majoritaire en Jordanie. En effet, le roi Abdallah II nomme le Premier ministre et les ministres, ce qui limite le pouvoir des partis politiques au Parlement. Cependant, la participation des islamistes à un gouvernement de coalition pourrait être envisagée, comme cela a été le cas après les élections de 1989.

La victoire des islamistes en Jordanie pourrait également avoir des répercussions régionales, en particulier sur la situation à Gaza. En renforçant leur présence au Parlement, les islamistes pourraient être en mesure de jouer un rôle diplomatique plus important dans la région, notamment en contrant les plans de la droite israélienne dirigée par Benjamin Netanyahu.

En fin de compte, la victoire des islamistes aux élections législatives en Jordanie représente un tournant politique majeur pour le pays. Bien que leur pouvoir soit limité par le système politique en place, leur succès électoral soulève des questions sur l’avenir de la démocratie en Jordanie et sur les possibles changements à venir dans le royaume.