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Nouveau Premier Ministre sous pression : Oppositions ciblent Macron

Les leaders du Nouveau Front populaire (NFP) ont signé un communiqué commun pour répéter qu’il était « plus que temps de demander au Nouveau Front populaire et à sa candidate de former un gouvernement ». Le Rassemblement National (RN), qui demande une session extraordinaire du Parlement, ne ferme pas la porte à l’hypothèse Michel Barnier.

Contexte
Michel Barnier sort d’un entretien avec Emmanuel Macron à l’Elysée
Michel Barnier a quitté l’Elysée, ce jeudi peu après 13 heures, après un entretien avec le président Emmanuel Macron. Le nom de l’ancien haut-commissaire européen Les Républicains, âgé de 73 ans, qui fut aussi ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac et négociateur du Brexit au nom de l’Union européenne, circule avec insistance depuis mercredi soir. Nombreux sont les membres du gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal à vouloir conserver leur poste auprès du futur premier ministre. Condamnés à l’attente depuis un mois et demi, la plupart des ministres démissionnaires continuent, sous couvert d’expédier les affaires courantes, à se déplacer à l’autre bout du monde, à donner des conférences de presse, à s’exprimer dans les médias. Au point d’en oublier le résultat des élections législatives. Certains qui, anticipant la défaite du camp présidentiel, juraient au début de l’été vouloir quitter le gouvernement après les élections des 30 juin et 7 juillet, rêvent désormais d’y rester.
L’étalage des ambitions de ces ministres qui se verraient bien rester dans le futur gouvernement

La région Auvergne-Rhône-Alpes désigne le successeur de Laurent Wauquiez
Le Savoyard Fabrice Pannekoucke (Les Républicains) a été élu jeudi à la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’une assemblée plénière extraordinaire. Il succède ainsi à Laurent Wauquiez, contraint de démissionner à la suite de son élection comme député, mais qui reste conseiller régional. Le candidat de 49 ans, choisi par Laurent Wauquiez lui-même pour prendre la tête de la deuxième région la plus peuplée de France (8,1 millions d’habitants), a bénéficié de la large majorité constituée par le groupe LR et ses alliés de droite et du centre, recueillant 132 voix sur 204.

Bernard Cazeneuve : « Je n’ai pas eu de contact avec le président de la République depuis mon entretien [lundi] »
Bernard Cazeneuve a assuré, jeudi sur BMF-TV, ne pas avoir eu de contact avec l’Elysée depuis lundi. L’ancien premier ministre socialiste a expliqué qu’il aurait accepté Matignon comme « un devoir ». « J’ai dit à plusieurs reprises que je n’étais absolument demandeur de rien, que j’étais prêt à assumer mes responsabilités si on m’en confiait, que je les assumerais dans l’esprit que je viens de vous indiquer, c’est-à-dire de volonté, de lucidité face aux attentes des Français, de responsabilité quant à la nécessité de trouver des compromis. Je le dis au président de la République comme à l’ensemble de ceux qui m’ont contacté : je n’ai pas eu de contact avec le président de la République depuis mon entretien et je ne suis en attente de rien d’autre qu’une solution pour le pays. » Interrogé au sujet de la dernière hypothèse en date, qui concerne Michel Barnier, Bernard Cazeneuve a souligné : « [Michel Barnier] est un homme qui a des qualités, qui a une expérience, et la seule préoccupation que nous devons avoir aujourd’hui, c’est celle d’un gouvernement qui permette au pays de résoudre les difficultés nombreuses auxquelles il est confronté. »

La demande, de la part de LFI, de destitution d’Emmanuel Macron « n’a pas de sens », pour Agnès Pannier-Runacher
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée démissionnaire chargée de l’agriculture, a estimé, jeudi sur Sud Radio, que la demande de destitution d’Emmanuel Macron, de la part de La France insoumise (LFI), n’avait « pas de sens ». « Monsieur Mélenchon [chef de file de LFI] n’aspire qu’à une chose, c’est être président (…), c’est irresponsable de sa part », a ajouté la députée (Ensemble pour la République) du Pas-de-Calais. Pour Agnès Pannier-Runacher, « Xavier Bertrand est une personnalité légitime politiquement », mais « son assise à l’Assemblée nationale (…) n’est pas aussi large que [celle de] quelqu’un qui pourrait venir de la gauche ».

Retraites, assurance-chômage, projet de loi sur la fin de vie : trois dossiers épineux en suspens
Avec la poursuite de l’interminable réflexion autour du nom du prochain premier ministre, quatre dossiers épineux restent en suspens.

Retraites : la grande interrogation
Abrogation, suspension, nouvelle réforme ? Un an après l’entrée en vigueur de la très contestée réforme des retraites, qui décale progressivement à 64 ans l’âge légal de départ, le flou règne quant à l’avenir de celle-ci. Le Nouveau Front populaire (NFP) comme le RN promettent de revenir à 62 ans ; des voix socialistes ou centristes plaident plutôt pour rediscuter des paramètres ; les macronistes font des 64 ans une « ligne rouge ». D’ici à la fin de 2024, « 840 000 personnes » seront déjà parties à la retraite selon les nouvelles règles, d’après le directeur de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), Renaud Villard. Quelque 685 000 personnes ont déjà bénéficié en 2023 d’une majoration de leur « petite pension » – principale « mesure sociale » de la réforme – et 1,1 million d’autres, au dossier plus complexe à recalculer, seront à leur tour revalorisées pendant cet automne. En cas d’abrogation, qu’adviendra-t-il ? « C’est la grande interrogation » pour de nombreux Français, notamment « les futurs pensionnés » ou « ceux qui ont décalé » leur départ d’un ou deux trimestres, relève Karim El Hachmi, représentant de l’UNSA à la CNAV, qui souligne « les inquiétudes » des salariés de la CNAV s’il fallait reparamétrer le système. « Rien n’est impossible », a assuré cette semaine au Parisien Renaud Villard, à condition que le calendrier ne soit pas « trop brutal ».

Assurance-chômage : en suspens
Que va-t-il se passer pour les chômeurs allocataires après le 31 octobre ? La réforme durcissant les conditions d’accès et les règles d’indemnisation a été suspendue au soir du premier tour des législatives, à la fin de juin, et les règles actuelles, prolongées à deux reprises. L’ensemble des syndicats avait dénoncé « la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue ». Un accord avait été négocié par plusieurs d’entre eux avec le patronat à l’automne 2023, mais sa validation dépendait d’autres discussions entre partenaires sociaux relatives à l’emploi des seniors, lesquelles ont capoté au printemps. « Si, aujourd’hui, on a toujours en suspens une réforme de l’assurance-chômage, c’est bien qu’on veut aller faire les poches des chômeurs pour payer d’autres choses », a estimé mercredi sur Franceinfo la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon. « Il faut que l’on applique l’accord signé par les partenaires sociaux l’année dernière », dit-elle. Au Medef on plaide aussi pour revenir à l’accord de 2023, car « on ne va pas renégocier quelque chose sur lequel tout le monde était d’accord ». « On demande qu’on nous redonne la main », et que s’ouvre une nouvelle négociation, affirme de son côté à l’AFP Michel Beaugas (FO).

Examen du projet de loi sur la fin de vie : interrompu
La grande « réforme sociétale » promise par Emmanuel Macron verra-t-elle le jour ? Le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie, précédé d’un « débat national » et d’une convention citoyenne en 2023, a fait l’objet d’intenses discussions dans l’Hémicycle depuis le 27 mai. Le vote solennel devait avoir lieu le 18 juin, avant que la dissolution interrompe l’examen. Quinze articles, sur vingt et un, restaient à examiner, mais les plus décisifs avaient été votés : l’article 5, qui instaure l’accès à une « aide à mourir », sous la forme d’un suicide assisté ou d’une euthanasie ; et l’article 6, qui énonce les conditions posées à l’administration d’une substance létale pour les malades « atteints d’une affection grave et incurable avec pronostic vital engagé en phase avancée ou terminale ». Le projet de loi comprenait aussi un volet sur le développement des soins palliatifs, avec une enveloppe de 1,1 milliard d’euros d’ici à 2034. Dès le 19 juillet, le rapporteur de ce projet de loi avorté, le député (divers gauche) Olivier Falorni, réélu en Charentes-Maritimes, a annoncé déposer la « première proposition de loi de la XVIIe législature », en reprenant intégralement le texte voté par la commission ainsi que tous les amendements adoptés en séance. Au 28 août, il avait réuni 120 signatures de députés, issus de neuf groupes parlementaires (hormis le Rassemblement national [RN] et les députés LR alliés au RN dans le groupe d’Eric Ciotti, A droite ! [aujourd’hui Union des droites pour la République (UDR)]. « L’examen repartira du début du texte, mais pas de zéro », défend le parlementaire.

Pour Jérôme Guedj, « il y a une préférence qui a été donnée à gauche, il fallait l’entendre »
Jérôme Guedj, député socialiste de l’Essonne, a estimé, jeudi sur CNews, « qu’il y a[vait] une forme de déni du président de la République dans la période ». Pour M. Guedj, Emmanuel Macron « ne cherche pas à construire ses compromis », mais « à préserver le périmètre de sa politique précédente ». « La coalition de gauche et des écologistes est arrivée en tête. Elle n’a pas gagné les élections, mais il y a une préférence qui a été donnée à gauche, il fallait l’entendre », a souligné le député.

Valérie Pécresse : Emmanuel Macron « aurait sans doute dû, il y a quelques semaines, prendre le nom de Mme Castets »
Valérie Pécresse, invitée de France Inter, a déploré « une majorité de blocage au Parlement ». « C’est une situation qu’on n’a jamais connue. Il n’y a plus de majorité d’action », a-t-elle dit. « Il faut trouver un premier ministre qui soit une personnalité d’assez large consensus pour faire une politique qui, elle, ne sera pas consensuelle, parce que la situation de la France, en termes financiers, est extrêmement complexe, extrêmement délicate », analyse-t-elle, assurant que le futur gouvernement devra « prendre des décisions politiques difficiles ». « Rétrospectivement », la présidente du conseil général d’Ile-de-France estime qu’Emmanuel Macron a fait « une erreur d’analyse », « à l’issue de cette dissolution ratée ». « Il faut que le président de la République change de méthode et qu’il accepte l’idée que le futur premier ministre ne sera plus son collaborateur. Il n’est plus maître, aujourd’hui, du jeu », a-t-elle asséné. Et de poursuivre : « Il aurait sans doute dû, il y a quelques semaines, prendre le nom de Mme Castets (…), dire au NFP “essayez d’avoir une majorité, vous êtes le premier groupe [à l’Assemblée nationale] (…), et si c’est le cas je nommerai un premier ministre issu du NFP. » Selon elle, « c’est comme ça que ça marche dans les démocraties parlementaires. S’il avait fait cela, on se serait rendu compte très vite que le NFP, en réalité, n’a pas la majorité » et que leur politique mènerait la France « à la faillite ». Si le président avait fait cela, pense-t-elle, « les électeurs de la gauche auraient vu qu’on avait respecté leur vote, qu’on avait donné sa chance au NFP », et Emmanuel Macron serait « beaucoup moins dans les cordes aujourd’hui ».

A propos du programme du gouvernement à venir, Valérie Pécresse appelle à « faire des économies ». « J’ai dit en 2022 qu’Emmanuel Macron avait cramé la caisse, ça se voit aujourd’hui », a-t-elle redit. « Il faut faire une politique à dimension sociale, mais avec des fondamentaux de droite ; on baisse des dépenses inutiles pour pouvoir redonner du pouvoir d’achat », a plaidé l’ancienne ministre du budget de Nicolas Sarkozy.

Avec ses 126 députés, auxquels s’ajoutent les 16 élus emmenés par Eric Ciotti, le Rassemblement national pèse plus que les autres groupes aux yeux du chef de l’Etat
Soixante jours après le résultat des élections législatives, le président de la République a, au cours de la soirée de mercredi, changé une fois de plus son fusil d’épaule, ayant décidé de tester auprès des uns et des autres le nom de l’ancien commissaire européen Michel Barnier. Emmanuel Macron reprend donc son marathon de consultations. Aux dires de l’Elysée, Marine Le Pen devait être entendue, comme les autres chefs de parti et de groupe à l’Assemblée nationale, au sujet de l’éventuelle nomination à Matignon de l’ancien négociateur du Brexit.

Karim Bouamrane va lancer son mouvement politique, La France humaine et forte
Karim Bouamrane, le maire socialiste de Saint-Ouen, a expliqué, jeudi sur LCI, qu’« à titre personnel [il ne pourra pas] accepter que le premier ministre ne soit pas de gauche, au regard des résultats ». M. Bouamrane a, par ailleurs, annoncé qu’il allait lancer pour le début d’octobre son mouvement politique La France humaine et forte, qui va « redonner de la fierté aux gens ».

« Marine Le Pen n’est pas la DRH d’Emmanuel Macron », déclare Sébastien Chenu
Le vice-président du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, a déclaré, jeudi sur BFM-TV : « Marine Le Pen n’est pas la DRH d’Emmanuel Macron ». Le RN « n’est pas là pour valider ou invalider » les noms proposés par le chef de l’Etat, a-t-il ajouté. « Il y a un peu d’ironie dans tout ça. Il y a quelques semaines, il ne fallait pas parler au Rassemblement national, il fallait le faire battre à tout prix. Aujourd’hui, c’est tout juste si on ne nous fait pas la cour », souligne le député du Nord. Pour Sébastien Chenu, Emmanuel Macron « a d’autres possibilités » que de démissionner, notamment « trouver la solution qui permettra, en nommant quelqu’un, d’aller voir les groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et de peut-être trouver des majorités sur chacun des textes et construire un budget ». Tout en soulignant que Michel Barnier, dernier nom cité pour Matignon, « ne fait rêver personne » et que l’ancien commissaire européen et négociateur du Brexit est « soumis à la doxa européenne », Sébastien Chenu n’a pas fermé la porte. « J’attends de voir. Est-ce que Michel Barnier s’engage sur la proportionnelle ? Pas sûr, car il vient d’une famille, Les Républicains, qui est très hostile à la proportionnelle », a souligné le vice-président du RN. Le RN ne censurerait pas « immédiatement » un premier ministre « qui dirait qu’il va sur la proportionnelle, qui s’attaque aux chantiers immigration,