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Reçue aux Amfis 2024, Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire à Matignon, s’est faite adouber par les militants insoumis. Jean-Luc Mélenchon assure qu’elle restera la première ministre de la gauche, même si Emmanuel Macron ne la nommait pas.

Qui a dit qu’on ne votait pas à la France insoumise ? Invitée d’honneur des Amfis 2024, les universités d’été du mouvement de Jean-Luc Mélenchon à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme), Lucie Castets a tenu à montrer, « en actes », qu’elle est une « vraie démocrate » qui veut « définitivement rompre avec la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron ». « Alors, on va voter », lâche-t-elle à l’amphithéâtre bondé venu l’écouter pendant près d’une heure trente. « Qui veut dire « chocolatine » ? » Quelques poignées de mains se lèvent. « Qui veut dire « pain au chocolat » ? » Raz-de-marée de bras en l’air. Voilà l’affaire tranchée.

Bien que totale inconnue il y a un mois, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon n’a pas grand-chose à faire pour convaincre les insoumis de la soutenir. Ils n’ont même pas attendu son arrivée pour commencer, dès jeudi, à chanter à tue-tête : « Lucie Castets à Matignon, sinon Macron destitution ». Les militants lui ont réservé un digne « accueil de première ministre », selon les mots du député Hadrien Clouet.

« Je ne suis manipulée par personne »

« Quand j’étais petit, je voulais être pompiette (sic), confie la postulante à Matignon de 37 ans. Je ne sais pas si j’avais le sens de l’engagement ou le goût du risque mais ça explique peut-être pourquoi je suis là devant vous. » Très tôt, l’entretien d’embauche vire au meeting. « Je suis du côté de l’intérêt général et du service public. C’est pourquoi j’ai accepté de passer de l’autre côté (…) Je ne suis manipulée par personne », assure celle à l’origine du collectif Nos services publics, balayant ainsi les attaques d’une droite qui voit en elle le prête-nom de Jean-Luc Mélenchon.

Si elle rappelle que le programme de NFP est la « base » de sa potentielle action gouvernementale, Lucie Castets affirme qu’un changement de méthode est nécessaire : « Nous irons travailler avec le parlement, texte après texte. Nous voyons le recentrage vers le parlement comme une bonne nouvelle. » Avec sa nomination à Matignon, la gauche veut faire confiance dans le processus parlementaire. « Beaucoup de nos textes pourront réunir un consensus. Qui s’opposera à la revalorisation des rémunérations des enseignants et des infirmières ? », questionne la première ministrable. Smic à 1 600 euros, abrogation de la réforme des retraites, faire aboutir un cessez-le-feu à Gaza… Elle a redit aux insoumis qu’elle ne changerait pas de cap.

Adoubée par les militants

La veille, Jean-Luc Mélenchon avait préparé le terrain. « Lucie Castets n’est pas un insoumis mais elle mériterait », a-t-il assuré, lors de sa traditionnelle conférence aux Amfis. Le fondateur du mouvement a même assuré que la haute fonctionnaire, même si elle n’était pas nommée à Matignon par Emmanuel Macron, resterait la candidate du NFP tant que l’Assemblée nationale actuelle sera en place.

« Il n’a pas le choix. Je suis optimiste », veut croire la Niçoise Léa. Dominique, Gapençais de 71 y croit moins mais que « c’est une bonne chose que d’avoir choisi cette femme qui défend les services publics » : « Je la soutiens complètement. À la fin, c’est le programme qui compte. » La décision du chef de l’État est attendue dans la semaine.