Concours de beauté au Salon de l’agriculture: La maladroite Pieuvre et la vache folle
Dans les premières lueurs du jour, vers 8h30, nous pénétrons dans le pavillon 1 du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Malgré notre état de semi-sommeil, l’odeur puissante et contrastée du foin et des déjections animales nous réveille brusquement. « Un bon café aurait été préférable », murmure-t-on à notre collègue en traversant le hall d’entrée.
La mission du jour: retrouver l’éleveur avec qui nous avons rendez-vous pour couvrir un événement particulier. Une de ses vaches, une tarentaise, est en lice lors d’un concours de beauté. En chemin, nous croisons Oupette, la vache à la houppette, star incontestée de cette 61e édition du Salon de l’agriculture. Impassible devant les visiteurs et les exposants qui viennent la saluer, elle se contente de ruminer paisiblement le foin à sa disposition. Mais notre attention est ailleurs, nous avons un reportage à réaliser.
À la rencontre de Pieuvre, la vache « petite mais costaude »
Guidés par François Gary, l’un des vétérinaires du Salon, chargé du bien-être des animaux de compétition, nous faisons la connaissance de Guerlain Gachet, un jeune éleveur de 17 ans en dernière année de bac pro CGEA, et de sa vache savoyarde, baptisée Pieuvre.
Pieuvre, âgée de 6 ans et pesant 580 kg, est décrite par Guerlain comme une « petite vache mais costaude ». Elle est l’une des candidates au concours de la plus belle vache tarentaise en troisième et quatrième lactation. Avec sa robe fauve caramel, sa truffe noire brillante et sa majestueuse queue poilue, Pieuvre attire les regards et charme le jury.
Guerlain nous confie que le véritable travail se déroule en amont du concours. La vache a été préparée et entraînée pour marcher fièrement devant le juge, et sa préparation est minutieuse. La coupe, la tonte, et même le soin de sa mamelle sont des étapes cruciales pour assurer son allure parfaite lors du concours.
Un moment de stress et de déconvenue
Alors que nous interrogeons Guerlain sur le stress des vaches en compétition, il nous révèle qu’elles ressentent tout aussi bien que les humains. La preuve en est donnée par Pieuvre, qui, submergée par l’agitation, fait ses besoins en plein reportage, visant malencontreusement notre collègue.
Malgré cet incident humoristique, Guerlain reste concentré et continue de préparer Pieuvre pour son passage sur le ring du concours. Avec un peu de laque pour sublimer son poil et du gel pour faire briller sa mamelle, la vache est prête pour l’épreuve. Guerlain confie son stress et son espoir avant l’entrée de Pieuvre dans la compétition, tout en lui prodiguant un dernier geste affectueux.
Malheureusement, la vache décide de faire la « vache folle » lors de son passage devant le jury. Résistante et peu coopérative, Pieuvre refuse de suivre les directives de Guerlain, ce qui lui vaut une décevante quatrième place dans sa catégorie. Malgré la déconvenue, le jeune éleveur garde le sourire et envisage déjà de revenir l’année prochaine, peut-être avec une autre vache.
Ainsi se termine l’aventure de Pieuvre au concours de beauté du Salon de l’agriculture, une histoire pleine de péripéties et d’émotions, où la réalité du monde agricole se mêle à l’humour et à la passion des éleveurs pour leurs animaux.