Les explosions qui ont ravagé la banlieue sud de Beyrouth, Tyr et la plaine de la Bekaa ont été suivies dimanche 20 octobre par une attaque israélienne contre plusieurs agences de la société financière Al-Qard al-Hassan, une institution qui applique les principes de la finance islamique. Considérée comme le bras économique du Hezbollah, elle était sous le coup de sanctions américaines depuis de nombreuses années. Selon le porte-parole militaire israélien Avichay Adraee, Al-Qard al-Hassan a été impliquée dans le financement des opérations terroristes du Hezbollah, notamment en achetant des équipements de combat et en payant les salaires des membres de la branche militaire.
Israël semble vouloir changer la rhétorique du Hezbollah en attaquant ses infrastructures financières. Cette nouvelle stratégie vise à affaiblir l’organisation et à légitimer les attaques contre elle. Al-Qard al-Hassan, créée en 1983, accorde des microcrédits sans taux d’intérêt aux clients en échange d’or. Bien que l’Iran ait contribué à sa création, l’institution est désormais financée par la communauté chiite libanaise. Après l’effondrement du système bancaire libanais en 2019, Al-Qard al-Hassan est devenue un refuge pour de nombreux Libanais en difficulté financière.
Les agences d’Al-Qard al-Hassan ont été la cible de sanctions internationales, notamment de la part des États-Unis, qui considèrent l’organisation comme un moyen de financer le terrorisme islamique. En 2021, le Trésor américain a à nouveau ciblé des personnalités liées à l’institution. Malgré les critiques et les attaques contre Al-Qard al-Hassan, certains experts estiment que ces actions ne feront qu’aggraver la crise économique au Liban.
En bombardant les agences d’Al-Qard al-Hassan, Israël cherche à affaiblir le Hezbollah et à perturber ses activités financières. Cependant, cette stratégie pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la population libanaise déjà vulnérable et déplacée. Les attaques contre Al-Qard al-Hassan soulèvent des questions sur la légitimité des cibles choisies par Israël et sur les impacts humanitaires de telles actions. La crise économique au Liban risque de s’aggraver si les infrastructures financières vitales pour de nombreux Libanais sont détruites.