Dans la course à la Maison Blanche, Kamala Harris peut compter sur une alliée aussi discrète qu’influente : sa sœur cadette, Maya Harris. Conseillère politique de premier plan et véritable stratège, Maya Harris est l’éminence grise de la campagne démocrate.
Vêtue d’un tailleur rose vif, elle a brillé sur scène lors du dernier jour de la Convention démocrate à Chicago, le 22 août. D’ordinaire en retrait, Maya Harris, sœur de Kamala, a captivé l’auditoire avec un discours sur leur histoire familiale, évoquant leur mère, Shyamala, immigrante indienne et scientifique de renom disparue en 2009. « Elle savait que nous pouvions écrire notre propre histoire », a-t-elle déclaré, juste avant le moment tant attendu par une foule de 50 000 partisans : l’intronisation officielle de Kamala Harris en tant que candidate à la Maison Blanche.
Depuis près de 30 ans, Maya Harris agit dans l’ombre de sa sœur, toujours prête à ajuster, conseiller et dire à Kamala ce que personne d’autre n’ose. Leurs parents, Donald Harris et Shyamala Gopalan, se sont rencontrés à l’université de Californie, à Berkeley. Lui vient de Jamaïque, elle est originaire d’Inde. Après leur divorce dans les années 1970, leur mère élève seule les deux sœurs. Elles déménagent à Montréal lorsque Shyamala décroche un poste à l’université McGill. À ce moment-là, Kamala a 12 ans et Maya en a 9, et elles ne parlent pas français.
À 17 ans, Maya devient mère, et avec le soutien de Kamala, elle réussit à poursuivre de brillantes études de droit à Stanford tout en élevant sa fille, Meena. « Nous nous sommes toujours soutenues », confie Kamala Harris au Washington Post en 2019. « Notre lien est indéfectible. Dans les moments de joie comme dans les épreuves, nous avons toujours été ensemble. » Leur complicité est telle que lors du mariage de Kamala avec Douglas Emhoff en 2014, c’est Maya qui officie la cérémonie.
La carrière politique des sœurs Harris commence en 2003, lorsque Kamala présente sa candidature au poste de procureure de San Francisco. Maya dirige sa campagne, qui se solde par une victoire. Comme sa sœur, Maya choisit une voie juridique. Diplômée de Stanford, elle devient avocate, enseigne le droit et rejoint l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) de Californie du Nord, où elle se consacre à la défense des droits civiques et des minorités. À seulement 29 ans, elle devient la plus jeune doyenne d’une faculté de droit aux États-Unis.
Maya Harris est également philanthrope. En 2008, elle est nommée vice-présidente de la Fondation Ford pour cinq ans, dirigeant une équipe mondiale qui investit plus de 150 millions de dollars par an en subventions. En 2014, alors qu’elle est chercheuse invitée à la faculté de droit de Harvard et au Center for American Progress, Maya Harris rédige un rapport intitulé « Women of Color : A Growing Force in the American Electorate » (« Les femmes de couleur : une force croissante dans l’électorat américain », en français), documentant l’influence des femmes de couleur, en particulier des femmes noires, sur les résultats électoraux.
Alors que Kamala, sénatrice de Californie, prend la décision de se lancer dans la course aux primaires démocrates en 2019, c’est dans l’intimité familiale qu’elle trouve le soutien nécessaire, entourée de sa sœur Maya, de son mari Douglas Emhoff et de son beau-frère Tony West. Maya, forte de son expérience et de son réseau, devient la directrice de campagne de sa grande sœur. Elle endosse des responsabilités cruciales : solliciter des donateurs, recruter un personnel diversifié et concevoir des initiatives politiques percutantes.
Pour sauver la candidature en déclin de sa sœur, Maya licencie des assistants sans préavis, lui valant de nombreuses critiques dans le camp démocrate, qui l’accuse d’avoir contribué à une campagne désorganisée. Faute de fonds suffisants, Kamala abandonne en décembre 2019. Maya, grâce à son solide réseau au sein de l’aile progressiste du parti démocrate acquis durant sa carrière dans les droits civiques, aide sa sœur à fédérer le Parti démocrate autour d’elle.